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Dans Idijuclle ces Animaux font rangés fuivant un
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Par M, GEOFFROY, Doéleur en Médecine.
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TOME PREMIER.
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PARIS,
Chez DURAND, neveu , rue S. Jaques , à la Sagefle.
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M. DCC. LXIV.
Avec Approbation et Frivile'ge du Roi,
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DISCOURS
PRÉLIMINAIRE.
De PUIS quelques années , Pétude de THiftoire naturelle eft plus cultivée qu’elle ne l’a jamais été. De grands hommes- ont défriché avec foin ce vafte champ , - qui- offre tous les jours tant de mervèîllès aux yeux d’un exaél Obfervateur. On eft parvenu à connoîcre cette immenfe quantité de végétaux , dont la furface de la terre eft couverte , Sc l’étude de la Botanique , fi confufe autrefois ^ eft deve¬ nue facile par les travaux des 'favans qui s’y font appliqués ; ils ont débrouillé ce chaos en rangeant les végétaux & les diftribuant par claffes 6c par' genres. Quoique leurs méthodes foient différentes , elles tendent toutes plus ou moins direélement au même but, & les plus dé-, fecf ueufes ont préparé la voie à d’autres plus par¬ faites. Quelques Botaniftes ont confidéré le régne végétal , fous un afpeél difféent ; la Phyfique des plantes , leur ftruâure intérieure , leur ana¬ tomie leur ont fourni la matere d’une infinité.
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îj DISCOURS
de découvertes 5 toutes également curieufes & ’ fouvent utiles.
Quoique la compofition des minéraux foit plus groflJere & moins organifée que celle des végé¬ taux 5 l'étude de cette partie n'a pas paru moins curieufe 6c moins nécelTaire. L'utilité que nous retirons des métaux & des autres minéraux, étoit une raifon pour engager les Naturalifles à ne pas négliger ce régne : leur travail n'a pas été infruc¬ tueux , & fans parler des Ouvrages de plufieurs excellens Minéralogiftes , il fuffit de jetrer les yeux fur celui de Valérius , dont une main habile nous à enrichi depuis peu d'années.
Mais parmi les différens corps naturels , il n'en efl: aucuns qui femblent plus mériter notre atten¬ tion quer les animaux. Les mieux organifés de toute la nature , ils ont droit de nous intéreiîer plus particuliérement, eux qui approchent davan¬ tage de l’homme, qui > malgré la fupériorité que fbn ame lui donne, n^efl: que le chef & le pre¬ mier des animaux. AulTi le régne animal a-t-il été examiné avec le plus grand foin : mais com¬ me il eft plus nombreux ^ que fon étude efl: plus difficile par la quantité des efpéces qu'il renfer¬ me , Sc par la délicatefle des corps qui le com- pofent , la plupart des Naturalifles fe font atta¬ chés à des branches Sc des diviflons de cette îmmenfe partie. Les poiflbns , les oifeaux^, les quadrupèdes ont fournf autant d'objets différens
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PRÉLIMINAIRE. iij
de' travail y capables fèuls d’occuper d’excellens Obrervaceurs : quelques-uns même fe font bor¬ nés à quelques animaux particuliers , & fouvent ils n’ont pas encore épuifé la matière qu’ils traî- toient.
Les infeéles, qui font une partie cpnfidérable, Sc la plus nombreufe du régne animal, ne font pas 'moins dignes de nos regards & de notre at¬ tention. Quelque vils que paroiflerit ces petits animaux aux yeux d’un homme peu inftruit , un Philofophe ne les confidére pas avec moins d’ad¬ miration : leur petîteffe meme , la finefle & la délicateffe des organes qui les compofent , les rendent encore plus merveilleux. Jufqu’ici ce¬ pendant la clalfe des infedles , eft celle du régne animal , & j’ofe dire de tous les corps naturels , qui a été la moins travaillée. Ce n’efl pas que l’on n’ait examiné les infeéles , Sc que l’on n’ait écrit fur ces animaux ; mais tout ce qu’on nous a don¬ né fur cet article , ou manque par un défaut d’or¬ dre Sc de méthode , ou n’embralfe que quelques efpéces du nombre immenfe que renferme cette cîafle. )
Je ne dis rien de ce que les anciens ont écrit fur cette matière. Le défaut d’obfervations fuivles a empêché Ariftote Sc Pline de donner rien de détaillé fur lesinfeéles. Ils s’en font tenus à des généralités fouvent fautives & fabuleufes , Sc quant aux remarques qui regardent les différentes
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h DISCOURS
efpéces > nous nous trouvons fouvent hors d’état d’en profiter ^ le défaut de caraéleres fpécifiques nous empêchant de diftinguer les efpéces dont ils ont voulu parler.
Parmi les modernes , MoufiFet eft un des pre¬ miers qui ait écrit fur les infeéles en particulier. Son Ouvrage, qui d’ailleurs contient plufieurs bonnes obfervations & defcriptions , pêche tel¬ lement par le défaut de méthode Sc de caraéleres, que fans les planches qu’il y a joint , il feroit im- poffible de deviner les efpéces différentes dont il traite , & même malgré ces planches , il y en a plufieurs qu’on ne peut reconnoître , d’après fes ligures qui font groflieres Sc en bois. Qn en peut dire autant d’Aldrovande cet infatigable com¬ pilateur, Sc de Jonfton qui a fouvent copié Al- drovande Sc Alouffet. Les defcriptions de Ry font plus exaétes Sc plus détaillées <& peuvent fouvent caraélérifer alfez bien l’animal dont il parle. Mais comment retrouver un infecte dans un Ouvrage où ces animaux ne font rangés fuivant aucune méthode , Sc où les defcriptions feules peuvent en donner quelque connoifiance ? Lifter , autre Auteur Anglois , ainfi que Raj Sc Mouffet, a don¬ né peu de chofes fur les infecSles , Sc fes Ouvra¬ ges peuvent être mis dans le rang de ceux de Raj.
Je ne parle point ici de ceux qui fe font qon- tentés de donner des figures dÙnfeétes , tels que
PRÉLIMINAIRE. v
Robert , Goedarc Mademoifelle Merian , Albi- nus 5 Scc, ces collections utiles en elles-mêmes , & dont on doit favoir beaucoup de gré à ceux qui les ont données , ne font que des matériaux fournis aux Naturaliftes par de bons Peintres , tels qu’étoient ces Auteurs. Ils y ont joint quel* ques obfervations quelquefois bonnes ^ plus fou- vent fautives , telles en un mot qu’on les pou- voit attendre de perfonnes peu verfées dans fHif- toire naturelle , que les apparences trompoient , & qui ne pouvoient s’aider de l’analogie Sc des connoiffances qui leur manquoient. Si Goedarc eût connu la nature , il ifauroit jamais imaginé qu’une mouche pût fortir d’une chenille ou de fa coque J & il auroit jugé que la mouche mere de¬ voir avoir confié fes œufs à fune ou à l’autre. Je ne dis rien ici de Frifch , dont les figures paroif- fent très-bonnes , mais dont l’Ouvrage confidé- xable, étant écrit en Allemand , fe trouve hors de ma portée. Il en eft de même de Roefel, quia furpafle par la beauté de fes figures exaélemenc enluminées , tout ce qui avoir été fait jufqu’ici fur les infeéles. Il feroit à fouhaiter que quelqu'un voulût mettre les Naturaliftes François en état de profiter de ce que ces deux Ouvrages paroiftènc contenir de bon.
Un autre genre d’ Auteurs qui ont écrit furies infeéles , comprend ceux qui fe font appliqués à examiner leur intérieur, leur ftruélure , leurs ma-
yj DISCOURS
nœuvres & leurs mœurs, parties néceiïàires tou¬ tes à riiifloire de ces petits animaux ^ & qui méri¬ tent bien d’être confidérées. Auffi devons-nous beaucoup aux Naturaliftes qui fe font chargés de ces obfervations. Rhedi , un des plus habiles qu’ait produit l’Italie , parmi beaucoup de remar¬ ques excellentes , ell le premier qui ait détruit l’erreur tranfmire par les anciens, qui penfoienc que des corps aulTi parfaits & auffi organifés que les^infecfles, dévoient leur exiftence à la pourritu¬ re : erreur grolliere , qui cependant a été reçue unanimement , Sc que Bonani , malgré les obfer- varions qu’il avoir faites, a encore foutenue. Rhe¬ di , après un examen judicieux & des expériences très-exaéles , a démontré que les infeèles naif- foient, ainfi que les autres animaux, d’autres in- feéles fécondés par l’accouplement. Après Rhe¬ di , Swammerdam , Malphighi Sc Vallifnieri ont enrichi cette partie de l’Hiltoire naturelle , d’ob- fervations curieufes Sc intéreffiantes: nous fommes redevables à Malphighi d’une excellente differta- tion fur le ver* à- foie, dont il a donné l’anato¬ mie la plus exaèle , Sc qui peut auffi fervir pour les différentes chenilles , dont le ver-à-foie n’efi: qu’une efpéce. Swammerdam a examiné avec le plus grand foin différens infeèles , il a dévelop¬ pé avec adreffe .leurs organes intérieurs les plus délicats , Sc à cette defcription anatomique , fe trouvent jointes plufieurs remarques très -tien
PRELIMINAIRE vij
faites fur les différentes manœuvres de ces ani¬ maux. C"eft à peu près la même méthode qffa fuivi Vallifnieri à fégard d’autres infeéles.
Sur les traces de Swammerdam Sc de Vallif¬ nieri , un illuftre Obfervateur François, dont le nom fera toujours cher à l’Hiftoire naturelle a entrepris des Mémoires pour fervir â Vhijloire des infeâies, Malheureufement cet Auteur n’a donné qffune partie de ces Mémoires , où l’on trouve une fuite de faits intérelîàns , obfervés par un Na- turalifte qui favoit très-bien voir. Il a fait plus ; il a établi quelques caraéleres généraux ^ quelques diftributions îbmmaires de feélions Sc de genres. Mais ces commencemens de méthode font trop fuperficiels Sc trop peu fyftêmatiques pour être mis en ufage , & on a beaucoup de peine à diftin- guer dans ce grand Ouvrage de M. de Reaumur, l’animal dont il traite , faute de caraéleres fuffifans & d’une bonne defcription : fouvent il faut par¬ courir fix gros volumes s pour trouver ce que Ton cherche. Malgré ce grand défaut , on peut regar¬ der ce que cet habile Naturalifte a donné , com¬ me les meilleurs matériaux dont puiffent fe fervir ceux qui travaillent à l’hiftoire des infecles , Sc l’Ouvrage de M. de Reaumur remplit au moins le titre modefte dont il s’eft fervi. Je crois pou¬ voir mettre à côté de cet excellent infeélologifte, M. de Geer , le Reaumur de Suède, qui a déjà enrichi l’hifto^re des infeéles^ de pluûeurs düTex-
viij DISCOURS
tâtions particulières ^ toutes frappées au bon coin , & qui a déjà publié le premier volume d'un grand Ouvrage qu'il commence .précifémenc dans le goût de celui de M. de Reaumur.
Par ce détail des différens Auteurs qui ont écrie jufqu'ici fur les infeéles , on voit que tous peuvent fe rapporter à trois clafTes différentes. Les uns n'ont envifagé que l'extérieur des infeéles, com¬ me feroit un Botanifte qui ne donneroit qu'une Lmple defeription desplantes, fans parler de leurs ufagesjdu tems de les femer ^ de les planter, &c. Pour que l'Ouvrage de ces premiers eût été par¬ fait en fon genre ^ il eut fallu qu'outre les deferip- tions , ils euffent établi des caraéleres exaéls pour reconnoître les infeéles, à peu près comme les Botanilles le pratiquent à Tégard des plantes , Sc c'eft à quoi tous ont manqué, ce qui rend leurs Ouvrages défeélueux & fouvent inutiles. Les au¬ tres ont conCdéré les infeéles ^ par rapport à leurs mœurs , à leurs manèges ou à leur llruélure inté¬ rieure, mais fans donner de deferiptions ni de ca- raéleres des animaux dont ils parlent , ou en ne donnant que des deferiptions trop infuffifantes pour les reconnoître. Ils reffemblent aux Bqtanif- tes qui ont détaillé les vertus Sc les propriétés de différentes plantes , fans décrire ces fimples , en- forte qu'on ell fouvent très-embarraffé de favoir quelle eft la plante qu'ils ont traitée. Au relie, ce que ces Obfervateurs ont publié, ell fouvent très-
exaél
P RÈ L I M I NA I îi E. IX
exaél & peut devenir utile lorfqu’on parvient à découvrir Tinfeéle qui fait le fujet de leurs obfer- vations. Enfin la troifiéme & derniere claiTe d’ Au¬ teurs , la moins nombreufe de toutes , comprend ceux qui ont réuni les deux genres de travail , qui ont examiné Textérieur des infeéles ^ ainfi que leurs mœurs & leurs manœuvres, ôc dont Thif- toire fe trouve , par ce moyen , plus complette. Mais ces derniers Auteurs font tombés dans le défaut des premiers : leurs defcriptions font im¬ parfaites , il n'y a point de caraéleres pour diftin- guer les infeétes , leurs ouvrages enfin manquent de méthode ^ vice eifentiel fur-tout en fait d’Hif- toire naturelle.
Ce défaut paroît venir de ce que Ton n'imagi- noit pas pouvoir ranger méthodiquement les ani¬ maux Sc leur afligner des caracleres diftinélifs. Il efl: étonnant que les Zoologiftes ne cruflent pas pouvoir exécuter ce qu'avoient fait les Botaniftes, qui étoient parvenus à diftribuer avec ordre cette foule de plantes , bien plus nombreufe que les corps que renferme le régne animal ; & qui ont tiré des caraéleres génériques de parties beaucoup plus -petites dans les végétaux que dans. les ani¬ maux. L'exemple de la Botanique ^ cette branche confidérable de l’Hiftoire naturelle, auroit cepen¬ dant dû inftruire les Naturaliftes Sc les Zoolo¬ giftes en particulier : ils auroient dû remarquer combien Tétude des plantes , confufe , fans ordre
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SC DISCOURS
Sc très-difficile jufqu’alors, étoit devenue plus facile ^ plus claire Ôc plus lumineufe , depuis qu'on y avoit joint un efpric d'ordre & de fyf- terne.
Cependant l'iiiftoîre des animaux , & fur -tout celle des infeèles , eft reliée jufqu'à nos jours dans cette efpéce de confulîon , & c'efl à M. Linnæus , cet infatigable Naturalifte Suédois , que nous de¬ vons le premier Ouvrage métho'dique fur cette matière. Il a cherché à jetter fur cette partie de l'étude de la nature , le même efprit d’ordre , de clarté & de méthode qu’il a répandu fur les au¬ tres branches de l’Hifloire naturelle, Sc fi fon Ouvrage eft encore éloigné de la perfeélion ^ au moins doit-on lui favoir gré d'avoir montré la rou¬ te qu'il faut fuivre.
Je fais que quelques favans de nos jours ne conviendront pas de ce que j’avance ici. Ennemis des fyftêmes & des ordres méthodiques , ils fem- blent vouloir faire retomber les fciences dans cette efpéce de confuficn dont elles ont eu tant de peine à fortir, Sc ce qui paroît encore plus étonnant , c'eft que dans un fiécle aulfi éclairé , de pareils paradoxes trouvent des feélateurs. Il ne faut cependant pas de grandes connoiflances , ni un effort de génie fupérieur pour juger de l'utili¬ té des fyftêmes Sc des méthodes. Qu’on parle d’une plante , qu'on la décrive auffi exaélemenc qu^’il fera poffible , comment veut-on qu'entre neuf
PRELIMINAIRE. ‘ xj ou dix mille efpéces de végétaux , je puîffe di{- cerner celle donc il s’agit , fi je n’ai aucun carac¬ tère diftinélif qui me la fafie reconnoître ; il faut néceffàirement que je confronte ces dix mille efpéces avec la defcription que je lis , & fi mal- heureufemenc la culture ou le climat ont altéré le port ou la figure de celle que je cherche , tout ce long travail devient inutile: que fera-ce fi la defcription fe trouve imcomplette & mal-faite, enforce qu’elle puifie convenir à plufieurs efpéces dilîFérentes? Je me trouve alors dans un autre em¬ barras plus grand que le premier. Il en efl: des infeéles comme des plantes : fi je manque de ca- raéleres^ je ferai obligé d’examiner deux ou trois mille efpéces d’inleéles j toutes les fois que je voudrai trouver un animal donc je lis la defcrip¬ tion. C’eft l’inconvénient où nous nous trouvons tous les jours , par rapport aux Ouvrages des an¬ ciens Naturaliftes. Auflî ne favons-nous point quelles font les plantes , quels font les animaux qu’ils ont connus & défignés par tels & tels noms.’ Les méthodes 5 même les moins bonnes, corri¬ gent un fi grand inconvénient. Je trouve une plante qui m’eft inconnue , il n’eft plus néceffaire pour la connoître de la confronter avec plufieurs milliers de defcriptions , il fuffic, fuivant les dif- férens fyftêmes , d’examiner quelques parties ca- raé\|ériftiques qui déterminent la çlafle, la feélion & le genre de ce végétal. Prenons pour exemple'
b ij
’xij DISCOURS
la méthode de M. LinnæuS;, fondée fur le nombre des étamines Sc des piftilles. Je veux trouver le nom oc le genre d'une plante : je compte le nom¬ bre de fes étamines. Il s’en trouve cinq : voilà déjà cette plante rapportée à celles de la cinquiè¬ me claffe dont les fleurs ont cinq étamines. Pour lors j’examine le nombre des piftilles, j’en trouve deux ; je range cette plante dans la fécondé fec- tion de la cinquième clafle. Il ne me refte plus qu’à examiner le calyce & la graine pour trouver le genre de cette même plante parmi celles de la fécondé feélion de la cinquième clafte , Sc je par¬ viens par dégrés à connoître le nom d’un fimple que je n’avois jamais vu.
A l’aide d’un ordre méthodique , nous prati¬ querons la même chofe fur les infeéles , comme je le ferai voir dans la fuite de cet Ouvrage , & l’on pourra trouver le nom & l’efpéce d’un in- feéle inconnu auparavant.
Cet exemple fuffit pour faire voir à tout hom¬ me , je ne dis pas verfé dans PHiftoire naturelle, mais feulement un peu intelligent , l’utilité Sc la nécelTité des fyftêmes méthodiques. Je fais qu’on peut varier ces méthodes à l’infini ^ qu’on peut tirer fes caraéleres de telles ou telles parties, que la plûpart des fyftêmes pêchent en quelques points , & que ceux qui approchent le plus de l’ordre qui paroît naturel , s’en éloignent en plu- fieurs endroits. Je veux même que toutes ces
PRELIMINAIRE. xiij dîftinâions de clalTes j de genres & d’efpéces foient arbitraires , & nullement établies par la nature ^ que tous les corps naturels j depuis rhomme jufqu’au caillou le plus brut , ne foient qu^’une fuite d’un feul & unique genre , qui décroît par des nuances infenfibles , il n’en fera pas moins vrai que les fyftêmes font au moins néceflaires pour faciliter l’étude de la nature j qui fans cela devient impraticable. Sans cette efpéce de clef, il eft aufii impoiîible de pénétrer dans cette fcience , que de vouloir étudier les langues fans favoir l’alphabet , Tarithmétique fans connoître les chiffres , & les mathématiques fans géométrie. Chaque fcience a fes élémens , Sc ceux qui veulent les profcrire , donnent lieu de foupçonner qu’ils ne les connoifîent pas.
Nous fommes donc infiniment redevables à M. Linnæus d’avoir cherché le premier à ranger, méthodiquement les infeéles , & à trouver des caraéleres génériques qui les fîiTènt plus aifé- ment connoître. Sa méthode efl la feule que nous ayons jufqu’ici fur cette claffe des animaux. Son fyftême à la vérité efl; encore défecSlueux , comme il arrive ordinairement aux ouvrages de ceux qui les premiers ébauchent une matière neuve. Ses caraéleres ne font pas aflez fûrs ^ affez clairs & aflez diftinéls : fouvent on ne peut trouver par leur n|oyen le genre ou l’efpéce d’un infeéte que l’on cherche , de de plus fes genres qui ne font
xlv B I s C O U R S
pas aflez caradlérifés , réunilFent fouvent des ani¬ maux de genres différens ^ Sc que Ton voit au pre¬ mier coup d"œil devoir être féparés les uns des autres. Ceft ce dont s’apperçoivent tous les jours ceux qui étudient cette partie de THiFoire natu¬ relle , en fe fervant de cette méthode , la feule que nous ayons. Je fentis cet .inconvénient en voulant ranger ces animaux d'après ce fyftême. Je voyois que les caraéleres que donne M. Lin- næus ne quadroient point avec ceux que font voir les infeâes. Plufieurs d'entfeux tout-à~faiü femblables , fe trouvoienc fuivant cet ordre éloi¬ gnés Sc féparés les uns des autres. Je cherchai donc de nouveaux caradteres que tout le monde pût aifément faifir , & qui me fervilTent à ranger cette clalTe plus clairement & avec plus de mé¬ thode. Le grand nombre d'infeéles que j'avois amafles me facilita cette recherche , Sc à l’aide de ces caraéleres ^ je fuis parvenu à mettre en ordre environ deux mille efpéces y au lieu de huit ou neuf cent que renferme l'Ouvrage de M. Linnæus.
Le fyftême que je donne n'eft point un JyJlême naturel. Pour en former un , il faudroit connoître tous les individus que peut renfermer la clafle que l'on traite , tant ceux du pays ^ que les étran¬ gers y ce qui paroît impoffible. Il eft vrai qu'avec cette connoiflance on approcheroit beaucoup de l'ordre naturel , fi on n'y parvenoit pas. En effet ,
F RÈLIMINAIRE. xv la nature n'a point établi parmi les corps qu'elle renferme cette diftinélion de régnes , de genres & d'efpéces qu’ont imaginé les Naturaliftes , elle femble avoir fuivi des dégradations , des nuances înfenfibles , par lefquelies on fe trouve naturelle¬ ment conduit d’un régné à un autre , Sc d’un gen¬ re au genre fuivant. C’eft ce que peuvent apper- cevoir ceux qui jettant un coup d’œil pbilofophe fur la nature , examinent en grand fes différentes produélions.
Rien ne paroît plus différent au premier afpecfl qu’un animal & une plante. Cependant le pafïage d’un de ces régnes à i’autrejn’efï pas fubit Sc ne fë fait pas tout à coup. Nous voyons des animaux ^ les derniers de ce régne, qui femblent tenir beau¬ coup de la plante ^ tandis que certaines plantes paroiffent approcher de l’animal. Les vers , dont l’organifation paroît auffi fîmple que cell^ de quelques plantes , croÜfent Sc pouflent prefque comme des végétaux. On fait que les polypes ^ ces animaux finguliers découverts depuis quel¬ ques années , Sc qui font privés de prefque tous les fens , ont la faculté de végéter comme les plantes. Si on les coupe en plufîeurs morceaux , chaque partie poufïe , végété ^ Sc femblable à une bouture > forme enfuite un animal entier. Au con¬ traire ^ parmi les plantes , la fenfitive Sc quelques- autres, femblent douées de la faculté de fendr ^ qui pârok refufée à plufieurs animaux*
xvj DISCOURS
îl en eft de même du palTàge du régné, végétal au régné minéral. La llruélure des minéraux pa¬ role bien fimple , fi on la compare à Lorganifation d’une plante. Cependant quelques plantes ^ telles que les champignons Sc l^rlikens different telle¬ ment des autres , qu’elles approchent de Lorga- nifation fimple des pierres. Je ne parle pas ici du corail & de plufieurs plantes marines qui imitent la dureté & la nature de la pierre. On fait aujour¬ d’hui que ces prétendues plantes ne font que des ouvrages de polypes. Mais il y a encore parmi les corps marins de véritables végétaux , comme les corallines & quelques coralloïdes , qui fem- blent plus tenir de la pierre que de la plante. Au contraire , entre les pierres^ nous en voyons quel¬ ques-unes , comme les ftalaélites , qui tous les jours s’accroiflent Sc femblent végéter.
Ce qu’on obferve par rapport au paffàge d’un régne à l’autre ^ n’eft pas moins vrai à l’égard des genres differens de chaque régne. Les premières efpéces approchent beaucoup des dernieres d’un genre précédent , Sc les dernieres de ce même genre tiennent des premières du fuivant.
La nature n’a donc point établi cette divifion que l’on fuppofe de régnes Sc de genres. Tous les corps naturels font autant d’efpéces particulières d’un feul Sc unique genre , qui peu à peu change, s’altere Sc conduit des animaux aux plantes , Sc des plantes aux minéraux. Mais pour fuivre
cette
PRELIMINAIRE "xvij cette marche de la Nature , il faudroic'connoîcre parfaitement tous les corps qu’elle a.formés , voir Sc étudier leurs différens rapports enfcmble , & fi quelqu'un de ces corps nous eft inconnu , il le trouvera un vuide qui femblera produire une divifion Sc un changement fubit d'un genre en un autre. Comme une pareille connoiflànce eft au- deffus de notre portée , on peut aflurer qu'un ordre véritablement naturel Sc méthodique eft une de ces chimères qu'on cherchera auflî inutile¬ ment que la pierre philofophaie ou la quadrature du cercle. Il faut donc nécefiairement que nous ayons recours à des ordres Sc à des fyftêmes artifi¬ ciels 5 feulement nous pouvons approcher plus ou moins de l’ordre naturel ^ en examinant avec attention les difîerens rapports des corps en- tr'eux. De -là on peut conclure que plus on fera entrer de rapports Sc de caraéleres dans une mé¬ thode artificielle, moins on s'éloignera de l'ordre naturel.
C’eft le plan que j'ai tâché de fuivre dans l’ar¬ rangement méthodique des infeâes que je donne aujourd'hui. J-'ai cherché à rapprocher ceux que la , nature femble avoir réunis. Pour cet effet, j'ai augmenté le nombre des rapports caraélériftiques dont je me fuis fervi , Sc je n'ai pas cru ne devoir tirer' les caracleres que d'une feule partie. C’eft aux NaturaÜftes à juger fi j'ai rempli le plan que je me fuis propofé , Sc à réformer ce qu'ils trou-
c
ôcyiij DISCOURS
vcront de répréhenf;ble dans cec Ouvrage. La découverte de nouvelles efpéces & même de nouveaux genres pourra conduire à perfeélionner auffi ce travail. J'elpere au moins que le Public- Naturalifte me faura gré des efforts que fai faits pour lui applanir fétude des infeéles ^ quand même je n’aurois pas réuffi dans cette entreprife ; Sc j'invite ceux qui trouveront quelques nou¬ velles elpéces à les communiquer pour augmen¬ ter cette Colleélion.
Quoique les figures ne foient pas du goût de tous les Naturaliftes , nous avons cependant cru devoir les ajouter à cet Ouvrage , & joindre aux defcriptions la gravure d'un infeéle de chaque genre. Chaque figure eft accompagnée des parties qui confticLient le caraélere , fouvenc beaucoup aggrandies : pour l'infedle^il eft de grandeur natu¬ relle ; ou , iorfqu'il eft grofti , comme il arrive fouvént^ nous avons eu foin de mettre à côté une échelle de la grandeur de fanimal. Nous efpé- rons que ces planches faciliteront beaucoup Tin- telligence de l'Ouvrage , Sc nous if avons pas penfé devoir négliger un pareil fecours , à laide duquel on voit clairement, Sc d'un coup d'œ-il, ce qu'une longue defcription n'explique fouvent qu'imparfaitement. On trouvera quelquefois ^ quoique rarement, deux ou trois figures pour un feul genre ^ lorfque nous y avons été engagés par la fingularicé de certaines efpéces. Il auroit été.
PRÉLIMINAIRE. xix à fouliaicer que l’on eûc pu rendre les planches encore plus nombreufes , Sz repréfenter toutes les efpéces qui ont des différences fpécifiques bien marquées. La crainte d’augmenter la cherté de l’Ouvrage nous a détournés de ce projet , & nous nous femmes bornés aux figures qui ont paru abfolument néceflaires.
Il ne me refie plus qu’à répondre à quelques reproches que l’on pourroit me faire. Un pareil Ouvrage, de pur amufement, & qui paroît avoir demandé une longue fuite d’obfervations , fem- blera peut - être à quelques perfonnes rouler fur des matières trop étrangères à ma profefiion , dont le travail immenfe Sz l’exercice épineux Sc difficile , ne doivent prefque lailîer aucun inftant de loifir. D’autres mépriferont un Ouvrage qui ne traite que des infeéles , Sc s’applaudiront fe- crettement dans la fphere étroite de leur petit génie , lorfqu’ils fe feront égayés fur l’Auteur, en le traitant de dijjequeur de mouches , nom dont une efpéce de petits Philolophes a déjà décoré un des Naturaliftes qui a fait le plus d’honneur à notre Nation. N’envions point aux derniers le plaifir de s’applaudir à eux - mêmes ; laiifons - les méprifer ce qu’ils ne connoiffent pas Sc n’en admirons pas moins l’Auteur de la Nature , qui développant les plus grands refforts de fa puiifan- ce daps le plus vil infeéle , s’eft plu à confondre l’orgueil de la vanité de l’homme.
■XX discours
Quant au tems que j’ai employé à cet Ouvrage, on pourroit me faire de juftes reproches s’il eût été pris aux dépens d’un travail plus férieux & nécelTaire. Mais obligé par état de travailler à l’étude des plantes, de les examiner, & de les re¬ cueillir , il ne m’étoit guères poffible de ne pas obferver en même tems les infeaes qui en font leur domicile Sc leur nourriture. J’ai mis peu à peu fur le papier ce que j’obfervois fur ces petits animaux , Sc c’eft cette Colleaion de drlFé- rens mémoires que je mets aujourd’hui en ordre. On n’eft point étonné qu’une perfbnne dont là profeffion demande de la contention d’elprit & de la fatigue , prenne quelques inflans à la dé¬ robée pour fe délaflér. J’ai cru ne devoir donner ces momens qu’à cet agréable araufemcnt. Le fpeékcle admirable que nous fournit le grand livre de la bJature, m a paru un delafîement aflor- li à la profeffion de quelqu’un , dont l’état eft d’é¬ tudier la Nature & la phyfique de l’homme.
Au relie , il m’uuroit été irapoffi'ble dé finir cette Hiftoire , toute abrégée qu’elle efl , fans les fecours qui m’ont été donnés de tous côtés. Hors d’état de pouvoir recueillir les infeéies de¬ puis nombre d’années, jen ai reçu- de la- plupart des jeunes gens qui fuivent les'herborifations. M. Bernard de Juffieu, cet oracle en fait d’Hifloi- re naturelle , que l’on ne peut trop confultej, Sc qui fe fait un plaifir de faire part de les vaftes con-
PRELIMINAIRE. xxf noiflances , a daigné me communiquer plufieurs obfervations , Sc jeter un coup d’œii fur cec Efiai, Enfin je dois infiniment à un Gentilhomme de Champagne , M. du Pleiîîs, qui s’appliquant uni¬ quement depuis quelques années à i’Hiftoire natu¬ relle 5 a bien voulu m’aider dans la plus grande partie de ce travail. Je lui fuis redevable d^un nombre infini d’obfervations ^ toutes curieufes , 8c faites par une perfonne accoutumée à bien voir r 8c parmi les infeéles dont je parle , il y en a beau¬ coup qui ne fe voyent que dans la riche & noni- breufe Colîeélion qu’il pofiede.
. C’efl: avec ces dififérens fecours que je fuis parvenu, dans mes heures de loifir, à donner cette Hifloire des inlecSies qui fe trouvent à deux ou trois lieues aux environs de Paris , Sc que l’om peut rencontrer dans les différentes promenades que fon fait autour de cette grande Ville. Peut- être cet abrégé pourra-t-il donner plus de goût pour obferver les manèges merveilleux & fin- guliers de ces petits animaux , donc la perfedtion doit nous faire admirer la grandeur de celui quî. les a créés.
0 IdiovU) quam magna funt opéra ma l'
XXI)
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nn
TABLE ALPHABETIQUE
T) ES Auteurs cités dans cet Ouvrage , avec V explication de leurs noms abrégés.
Acl. Acad, Reg. Scient. IVlÉ MOIRES de l’Académie Royale des
Sciences. Paris ,
Ad. nat. cur. l . Ephemerides medico-phifîcæ Academiæ na-
Et ad. lipf. j turæ curioforum , l'eu Germaniæ. Franco-
furtiSc Lipjiæ , 1684.
Ad. Stoch. ■) . AélaSocietatisRegiæScientiarumUpfalienfis.
Ad. Upf. 3 Stockolmice ^ 1736.
Albin, inl . Eleazar albinus Hilloria naturalis infeélorum
anglicanorura. Lond. 1710, in-4®. tab. 100.
Aldrovand. inf . Ulifles Aldrovandus. Libri 7 , de animalibus
infedis. Bononiœ , 1638, in-fol.
Baker mlcr . Baker employment for ihe microfcope. Lon¬
don, 17 5" 3 5
Barthol. ad . . . Thomæ Barrholini At^a medica & philofo-
phica Hafnienfia , figuris æneis illuftrata. Hafhiœ. 167^.
J. Bauh. hift . . . Joannis Bauhini Plilloria plantarum. Ehroduni,
1660 , in-fol.
C. Bauh. pin . Cafpari Bauhini Pinax theatri botanici. Bajt-
leæ, 1(52 3 & 1671 , in-^"^.
Bibliotb. régla . Recueil d’infecfles peints en miniature , par
Robert , Aubriet & autres , confervé à la Bibliothèque du Roi , à Paris.
Blanc, belg . Stephanus Blancard. fchou-burg der Rupfen,
Wormen , Maden. Amjîerd, 1688, Belgi- ce , tab. 1 7.
Bonan. microgr . Bonanni Micrographia , feu Animalia viva in
vivis. Romœ, 1 6cj 1 , in-^°,
. . . . Richard Bradley. Philofophical accontit of
;^orks of natur. London, 1 721, 1/2-4.®,
xxili
Breyn.aft.phyCmed.N.C. Joannîs Breynii Hiftoria naturalis cocciradi-
cum tinélorii. Norimherg. 175 3 , in appen¬ dice ephemeridum naturæ curioforum.
Camer. epit . Joachimi Camerarii , de plantis epitome uti-
liflima matthioli. Francofurti 3 i y b 8 , m-
4°- .
Charlet. onom . Gualteri Charleton; Onoraafticon Zooicum.
Londini, 1668 ,
Charlet. exercit........ Ejufdem . exercitationes de difFeren-
tiis & nominibusAnimalium, Oxoniiy 1 677* in-^.
dus. pann..... . . Caroli Clufii atrebatis variorum aliquot ftir-
pium per pannoniam, auflriam &c. Obfer- vatorum Hifloria. Antiierpiæ , 1 ySy.
dut. hemcrob . Augerius Clutius , de Hemerobio & Verme
maiali. Amjîelodami, 16^^
Colum. ecphr . Fabii columnæ lincæî , minus cognirarum flir--
pium ecphrafis. Romæ, \ 606 ,
Dale pharmac . Samuelis Dalei Pharmacologia. Lugduni bata-
vorum 1735?.
Derrham. phyf. theoL». Théologie phyfique , ou dcmonftration de
l’exillence & des attributs de Dieu , tirée des œuvres de la création , par Derrham.. Foterdarriyîjzô y in-h>°*
Eph. nat. . . Vide fupra , üB. nat. cur.
Flor. lapp . Caroli Linnæi fLora lapponica, exhibens plan¬
tas per Lapponiam crefcentes , fecundum. fyftema fexuale. Amftdædamy î 737, in-S°.
Frirch. germ... . Joanh Leonard Frifch. Befchreibeng von
infeélen in teutfchland. Berlin , 1720 in'4°*
De Geer. înem. 1^,, Geer mémoires pour fervlr à l’hÜloire des De Geer hift. inf. j inlecles , in-
De Geer ad. holm . Voyez ci-defl'us Aéi. Upf.
Goed. inf. . . Joannis Goedart , Metamorphofîs naturalisé
feu de infedis. Larinitaie donata a Paulo^ Veczaerdt. jMedioburgi , i/2-12 ^ 3 voL
Goed. belg . La même en Hollandois. Middelb^ 3 yuL
in-8°.
Goed. gall . ILHoire des infeéles par Goedart. Amjîerdam
* 1700 , 3. voL
Goed. lin . Joannes Gosdartius de infedis ,,in methodunü
Giew. muf . .
Hocfn. in(., .
HofFm. flor. aldt .
Hoock. micograph .
lac. l’amir. inf .
Imperat . . .
ît. oeland.. . . .
Jonft. hift, nat.. . . .
Leche riov. inf, Q)ec.. . .
Le wenhoeck. arc.nat, . .
Linn. faun. fuec .
Linn. fyfl. nat. edit. lo.
Linn. mat. med .
Linn. atiwsnit. acad....
redaflus ï opéra Martini Lifleri. Londini i 1 685" , in-S°.
Mufæum Regiæ Societatis Londinenfis , def- criptum a nehemia grew. ( anglice ) Lon- dini , i6py.
Joannes hoefnagel ; icônes infeftorum volatil
^ lium. Francofurti, 1692,
Mauritii HolFmanni fioræ AltdorfHnæ deliciæ fylveftres, five Caralogus plantarum in agro Altdorffino fponte nafeentium. Altdorjju ,
1 677 , in-4°.
lïoock Micrographia feu Phyfiologicæ Def- criptiones minutorum corporum taéFæ per vitra majorativa. (anglice ) Londini, 166 j, in-fol.
Infeftes gravés en maniéré noire, par Jacob l’Amiral le jeune, avec l’explication des planches en Hollandois. 5 3 planch. in~fol.
Iftoria naturale di ferrante imperato Neapoli- tano. Neapoli, i ^99 j in -fol.
Itinerarium (Elandicum, ou voyage de Scanie. Par M. Linnæus. S.o:kolm , i"] $0.
Joannis Jonlloni M. D. Hifloria naturalis de exanguibus aquaticis , de infcclis , dg fer- pentibus &c. Amftzlodami,] G$~] , in-fol.
Novæ infeélorum fpccies , quas dilfertationis Academicæ loco , præfide Joanne Leche, proponit Ifaacus üddman. , ^7 JS > in -4°. /g.
Antonii van Lewenhoeck arcana naturæ de-
* tedla ope microfeopiorum ; ex Belgico Latine verfa. Delphis i6p ^ , 772-4°.
Caroli Linnæi fauna Suecica, fiftens animalia Sueciæ. Stockolmiœ, 1 7^6, in-S°.
Linnæi fyftema naturæ, editip décima, m-8°.
2 vol.
Ejufdcm fpecimen materiæ medicæ in regno animali. Stockohniœ , 272-8°.
Caroli Linnæi amœnitates Academicæ , feu dilfertationes variæ phyficæ , medicæ , botanicæ. Holmiæ ôc Lipjîœ , 1 7.^9 , 222-
Lift. aran. I Lift. angl. j
Lift.-append Lift. goed.. , Lift. mut,.. ,
Merian. europ, Merian, inf, j • • • •
Merian. gall.,...«,.
Merret. pîn... . MoufFet. inf... Olear. muC. • Pauli, quadrip, Petiy. muf.... Petiv. gazoph, Raj, cantabrig.
Raj. inf.,. . , . .
Reaum. inf.. . , Rhed. exper. . Rhed, amira.., Rivin. diiïèrt. Robert, icon,
xxi^
Martini Lifleri Hiftoria animalium Angliæ, i de Araneis. 2°. De Cochleis tum terreftri- bus , tum iluviatilibus. 3°. De Cochleis marinis. Londini , 1678,
Ejufdem Hifloriæ pars pollerior.
Vid, Goed. lift.
Tables d’infeéles fans explications , du même Lifter , à la fin de fon édition latine de Goedart.
Mariæ Sibyllæ Merian, Erucarum ortus¶- doxa metamorphofis. AwJhL in-
Hiftoire des infeéles de l’Europe de Mademoi-» felle Merian , traduite du Hollandois en François par Jean Marret. Amjhrdam ^ 1730 , in -fol.
Chrift. Merret Pinax rerum naturalium Britan- nicarum. Londiniiiôôj , in-9,^.
Thomæ MoufFeti theatrum infeélorum. Lo/z- dini , 1634, iti-fo/.
Adami Olearii Mufeum. germanice. Slefit^ig , 1666 , in-4®,
Simonis Paulli quadripartitum Botanicum; Argentorati , 1667 , in-<^°.
Jacobi Petiver. Centuriæ mufæi petiveriani. tond. I épy , in-^°,
Ejufdem ; gazophylacii naturæ Sc artis Déca¬ des. Lond. 1702 , in-f^.
Joan. Raij Catalogus plantarum circa Canta- brigiam nafcentium. Càntahrigicz p 1660 , in-S^.
Ejufdem Hiftoria infeélorum. Lond, 1710 , in-f^.
Mémoires pour fervir à l’hiftoire des infeéles, par M. de Reaumur. Paris, 1734 , in-^°,
Francifci Rhedi Expérimenta circa generatio- nem inleétorum. ÂmJîelodami,i 6j 1 , in- 12.
Ejufdem animalia in animalibus vivis. Florm-^ tice , I 6 84 5 i72-4°.
Augufti Quirini Rivini diflertationes me<£cæ, Lipfîx, T 710, in-4^°.
Nicolai Robert fpecies florura varias , tabulis æneis. tarif. in-foU
d
'
i
xxvj Rofel ini.
Sachs gammar .
Scaliger exercit . .
Scheuz. itin. alp*« .
Schoetr. dlfTert .
Scrod. pharm .
Sloan. hlfl.
Swamm. blbl. . . *
Swamm. în-40. 1 .
Swamm. gall. / .
Tranfaft. philofoph... . . Vallifii. înf. . .
Worm. mul. ... ... ....
Uddm. dl^Ic^t. ..... . .
Zinann. obrerv... .
Colledlion des infeéles de tous les mois, gravés & enluminés par Augufte - Jean Rofel, ên Allemand. A Nuremberg , 1746, in-
4 •
Philippi Jacobi fachs gammarologia. Franco* fi.rti , 1 66 y f in-h°.
Ariftotelis Hiftoria de animalibus græco-lati- na , Julio Cæfare Scaligere interprété , cuna ejufdem commentariis. folofæ ,1615?.
Joannis Jacobi Scheuchzeri itineraper Helve- tiæ alpinas regiones. Lugiuni-Batav. 1 725,
SchœfFer dilTertat. die fattelfîiege , in - 4.®.
Joannis Schroderi Pharmacopæia. Ulmce fuc* vorum, 1645?.
Joannis Sloane Ilifloria naturalis infularutn Jamaicæ,Maderæ, Barbadis &c. ( anglice ) Lond. 1707.
Joannis S^s^ammerdam Biblia naturæ. Lugdur ni-Batavorum , 1 7 3 ^ , in-fol.
Hiftoire générale des ^ infeéles , par Jean Swammerdam. Utrecht, 1682, f«-4®.
Tranfaélions philofophiques de la Société Royale de Londres, depuis 166^ &fuiv. ( en Anglois ) Londres , iu-4°.
Antonii Vallifnieri obfervationcs & expéri¬ menta circa Ililloriam naturalem ôc medi-, cam. Vatavii, 1726,271-4^ .
Mufæum Wormianum , feu Hiftoria rerunri rariorum tam naturalium quam artificialiuin &c, quæ hafniæDanorum in ædibus autho- ris lervantur, adornata ab Olao Wormio. Lugduni-Batavonim, 1 6 y J, in-fol.
Vide lupra. Leche nov. inf. fpec.
Olfervazioni fopra le cavallette dal Conte Giufeppe Zinanni. Fenet. 17375 ïVv4®.
Fin de la Table des Auteurs,
XXI’ l
'.'JT
yjp*r^.aw^Hi rrwnÊnvm
EXPLICATION
E S termes les moins familiers , dans cet Ouvrage.
NTE N NE s. Les antennes font ces efpéces de petites cornes mobiles , qui Ce vojent à la tête de tous les infedes. Elles prennent différentes dénomi¬ nations , fuivant leurs diverfes formes. Les unes font (impies , en filet ou filiformes. D’autres font en majfue ou terminées par un bouton, les autres font prifmatiques , quelques-unes en peigne ou barbues fur les cotés.
Antennules ou barbillons, font les efpéces de petites antennes qui accompagnent les côtés de la bouche d’un grand nombre d’infedes.
Apteres : fans ailes. C’eft le nom qu’on donne aux infedes qui n’ont point d’aîles, comme le cloporte, la puce,&c.
Balanciers. On donne ce nom à des petits filets mobiles , terminés par un bou¬ ton , qui fe 'trouvent à l’origine des ailes des mouches & de tous les infedes à deux ailes.
Barbillons. Voyez ci-defîus antennules.
Chryfalide. C’efl le fécond état, par lequel paflênt les infedes à métamorphofês , avant que de devenir infedes parfaits. On lui donne aufil le nom de nymphe. Celle du ver - à - foie & de quelques chenilles s’appelle aufij feve.
Coleopteres. Sont les infedes dont les ailes font recouvertes d’étuis durs & écailleux, tels que les fearabés, le hanneton , &c.
Corcelet. Partie du corps de l’infede qui répond à la poitrine des grands animaux.
Cuilleron. On appelle de ce nom une petite écaille blanche contournée , repréfentant une efpéce de cuillier qui fe trouve fous l’origine des ailes des mouches & de quelques autres infedes à deux ailes.
Dipteres, Sont les infedes qui n’ont que deux ailes,
Ecujjbn, C’eft une petite pièce triangulaire , qui fe trouve au haut de la réunion des étuis des infedes coleopteres , à leur naiffance du corcelet , ou d’étuis à moitié mois.
Elytres , étuis , fourreaux , font ces plaques dures & écaiileufes , qui re¬ couvrent les ailes des coleopteres ou intedes à étuis , comme on le voit dans le hanneton.
Filiformes ou en filet , c’eft le nom qu’on donne à toutes les antennes fimples , qui reffemblent à un fil ou filet.
Hemiptê-es. Infedes dont les ailes ne font recouvertes que de demi- étuis durs & écailleux , ou d’étuis à moitié mois.
Hexapodes. Infedes qui ont fix pattes.
Larve On défîgne par ce nom les infedes à métamorphofês , lorfqu’ils font dans leur premier état au fortir de l'œuf, La chenille eft la larve du papillon.
qui fe trouvent
c
xxilij EXPLIC. DES TERMES.
Métamorphofe ou changement. On appelle infeftes à métamorphofes ceux qui changent de figure avant que d’être parfaits. Le papillon a d’abord été che¬ nille , puis chryûlide ; c’eft donc un inlède à métamorpholes.
Mulets. Les mulets font des infedes qui n’ont aucun fexe. On en trouve dans quelques genres. Par exemple , les abeilles ouvrières qui font le plus grand nombre de la ruche , n’ont point de fexe , ce font des mulets,
Nymphe. Voyez plus haut Chryfalîde.
Stigmates. Les ftigmates font des ouvertures ordinairement ovales & refiem- blant à des efpéces de boutonnières > qui fe voyent fur les côtés des inieêies , & par lefquelles ils refpirent.
Suture des étuis. C’eft cette efpéce de fillon que forme la réunion des four¬ reaux des coleopteres, tant entr’eux, qu’avec le corcelet.
Tarfe ou pied , eft la troifiéme & derniere partie de la patte d’un infede , qui ordinairement efî compofée de plufieurs articles mobiles,
Tejl. C’eft cette efpéce d’écaille ou croûte dure qui recouvre le corps de la plupart des infedes.
T'etrapteres. Inlèdes à quatre ailes.
Zoologijîes, Auteurs qui ont traité l’hiftoire des animaux*
• jFi/z ds l'explication des termes.
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HISTOIRE
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DÈS INSECTES.
Tous les corps de la nature ont été rangés par les Phyficiens fous trois chefs de divifions , auxquels -ils ont donné le nom de Régnés : fçavoir le régné m]né- ral , le régné végétal , ôc le régné animal. C’efl: à ces trois régnés que fe rapportent toutes les fubftahces fimples Ôc naturelles ; ôc chacun d’eux a été :divifé en plufieurs grandes fcélions, que l’on a appellées clalfes. Le régné animal , celui auquel appartienent les in- feétes , dont nous allons traiter , renferme fix grandes claffes : les quadrupèdes , les oifeaux , les poilfons , les amphibies , les infeéles ôc les vers. Les infeéles forment donc une clafle particulière du régne animal.. Ce nom d’infeéles , infeclaj a été donné. à ces petits animaux à caufe de la forme- dè leur corps , . qui ',eft compofé de ‘plufiôurs ferions , ou parties jointes enfemble par des Tome L * A
a Histoire abrégée
cfpeces d’étranglemens , ou interfedlions t 6C cette figure , qui leuif eft eflcntielle , a fervi à les dénommer. Parmi ces infedes , les uns font compofés d’anneaux , ou de lames écailleufes , qui rentrent les unes fous les autres > ôc ce font ceux qu’on peut appeller injecles pro^ prement dits , puifque leur corps eft réellement corn- pofé de plufieurs portions : les autres , qu’on pourroit appeller injedes ujlacés , n’ont point de pareils anneaux ^ mais font recouverts d’une efpece de croûte entière , ferme , fouvent affez dure , comme on le voit dans les crabes , les araignées , &c. On remarque néanmoins , dans ces derniers , quelques interférions ou étrangle- mens femblables à ceux qui fe rencontrent dans les au¬ tres infer es.
Un cararere des animaux de cette clafle ^ eft donc d’avoir leur corps divifé , & comme féparé en plufieurs parties y par des étranglemens minces. Mais ce cararere n’eft pas unique , il en eft un autre qui n’eft pas moins effentiel dans les inférés , Ôc qui eft conftant dans tous, c’eft d’avoir à la tête ces efpeces de cornes mobiles ^ compofées de plufieurs pièces articulées enfemble y plus ou moins nombreufes , que les Naturalifles ont appel- iées les antennes* Ces antennes varient infiniment pour la grandeur ôc pour la forme. Leurs figures nous fer- viront beaucoup à déterminer les différens genres. Mais quelque variée que foit leur conformation , elles ne manquent dans aucun inféré, 6c les inférés font les feuls animaux , dans lefquels on les obferve. C’eft par ce cararere que la clafle des vers peut aifément fe dif- tinguer de celle des inférés , dont elle paroît appro¬ cher. Quelqu’un qui n’a aucune idée de l’Hiftoire natu¬ relle , peut facilement parvenir à connoître ces antennes, en examinant quelque papillon ; il verra que la tête de cet inféré eft ornée de deux filets mobiles, aflez longs, plus gros à leur extrémité : ce font-ià les antennes du papillon, ^
DES Insectes;
J.'I.Jl.L I»HI
CHAPITRE PREMIER,
'Dejcription générale des Infedesl
Les înfeâes , dont nous venons de donner le carac^ tere effentiel, font tous compofés de trois parties princi-i pales • 1^ \e>. répond à la pnitri-;
ne des autres animaux , ôc le ventre*
C’eft à la tiu y comme nous Favons dit y que fe trou-? -Vent les antennes , ordinairement au nombre de deux , une de chaque côté , dans quelques-uns au nombre de quatre ^ comme on le voit dans Fafelle, qui eft une ef^ pece d’infede aquatique femblable au cloporte : nous ne déterminerons pas ici Fufage de cette partie y qui fc trouve conftamment dans tous les infedes. D’autres Na- turaliftes y plus habiles que nous y n’ont pû parvenir à le découvrir. Peut-être pourroit-on foupçonner que les in- fedes s’en fervent comme de mains pour tâter & exa-i miner les corps. Lorfque ces petits animaux marchent y ils étendent leurs antennes en avant , les font mouvoir prefque continuellement, & femblent , avec cette partie; fonder le terrein & toucher les différens corps qui les environnent.
Outre les antennes y on remarque à la tête des infeêles plufieurs parties confidérables. Celles qui frappent le plus font les yeux. Quelques infeêles , femblables aux cyclo-; pes de la Fable , n’ont qu’un œil , ou s’ils en ont réelle¬ ment deux y ils font tellement proches ôc confondus en- femble , qu’ils paroilTent n’en former qu’un feul. C’eft ce que l’on verra dans le genre des monocles. La plû- part des infeêtcs en ont deux , un de chaque côté de la tête^; d’autres en ont davantage : on compte fur les arai¬ gnées jufqu’à huit yeux ; qui varient pour la poûtion^
4 H I s T O t H É 'a B R ï G é E
Dans pfefque tous les infe£les , ces yeux font durs , cotî^ vexes , compofés d'une efpece de cornée qui paroît lifle : mais fl on les regarde de près avec une loupe , on voit que cette cornée eft divifée en une infinité de petites facettes, qui forment un joli réfeau *. Cette conforma¬ tion eft très-utile , ôc même néceflaire à finfeèle. Ses yeux font immobiles, il ne peut les tourner & les di¬ riger vers les objets. S’ils euflent refîemblé aux yeux des quadrupèdes, beaucoup d’objets extérieurs auroient
Q la vAp 1 liiA^Clc» Au vlw .6.W «omfirS
prodigieux de facettes , qui forment le refeau de fa cor¬ née, les objets font réfléchis de tous côtés, il les peut voir dans tous les fens. Bien plus , chaque œil vaut plu- fleurs centaines d'yeux , il répété & multiplie les objets une infinité de fois , de même que ces verres taillés a facettes , à travers lefquels on apperçoit l’objet que l’on regarde autant de fois multiplié, qu’il y a 4e facettes dif¬ férentes dans le verre. Peut-être fera-t-on porté à croire que cette multiplicité doit nuire à la vûe de l’animal ; que les objets , au lieu de lui paroître Amples , doivent être centuplés à fes yeux. Mais il peut fort bien fe faire que l’infeâe , malgré cette conformation , voye les cho- fes telles qu’elles font dans l’état naturel. Nous avons deux yeux, deux nerfs optiques qui y répondent ; cepenr dant les différens corps ne nous paroifîent pas doubles; Il en eft de même de l’infede ; il a des centaines , des milliers d’yeux , & ce nouvel argus peut ne voir qu'un feul & fimple objet, feulement il le verra mieux ôc plus diftindement , de même , qu'en général , nous voyons mieux avec nos deux yeux, qu’avec un feul. Il paroît même que c’eft à ce defifein que la nature a donné ces yeux à rejeau aux infedes , puifqu’on ne les obfervc que
' * Le nombre de ces facettes eft fouvent prodigieux. Lewenhoeek en a
compté fur la cornée d’un fearabé 3181, & fur celle d’une mouche ^000» M. Puget a été plus loin aflure en avoir diftingué 173^5 fur l’œil d’un papillon, "
DES Insectes"# ^
dahs ceux qui ont deux yeux ; au lieu que les înfe£l:es qui en ont davantage , comme les araignées , paroifTent les avoir tout - à - fait lifTes ôc fans aucun veftige de refeau fur la cornée, du moins n’en ai-je point obfervé. Ainfî ces derniers qui femblent mieux partagés de ce côté, ne le font réellement pas.
Mais il y a plufieurs infeéies auxquels la nature paroît avoir prodigué l’organe de la vûe : de ce nombre font les mouches ôc beaucoup d’infeéles à deux ailes , les guêpes , les abeilles ôc la plûpart des infetles à quatre ailes nues, les cigales ôc quelques autres de cette fec- don. Dans ces animaux , on voit fur la partie pollérieure de la tête, entre les deux grands yeux à refeau, de pe- dts points élevés , lifles, au nombre de deux dans quel¬ ques-uns, ôc de trois dans la plûpart, qui relTemblent tout- à -fait à des yeux. Aufli plufieurs Naturaliftes les regardent - ils comme de véritables yeux , qui ne diffé¬ rent des grands , qu’en ce qu’ils ne font point taillés à facettes , ôc M. de la Hire, qui les a découverts le pre¬ mier, s’étoit même imaginé qu’ils étoient les feuls ôc les .véritables yeux de l’inleêle : ces efpeces d’yeux ne fe trouvent dans aucun infeêle à étui , ôc manquent dans un grand nombre d’autres. Dans l’impoflibilité où nous fom- mes de décider fi ce font de véritables yeux , ôc s’ils fer¬ vent réellement à la vûe , nous avons fuivi la conjeêlure de plufieurs Auteurs, qui paroît au moins probable, ôc nous leur avons confervé le nom de petits yeux lijjes.
Après les yeux vient la bouche de l’infetle , qui eft- encore une partie confidérable de la tête. Cette bouche eft conftruite d’une maniéré très-différente , fuivant les différens infeêles; aufïi nous fert-elle de caraêlere dans plufieurs. Les uns ont une bouche armée de fortes ma-^: choires qui leur fervent à broyer ôc déchirer les matières dont ils fe nourriffent; d’autres ont une trompe tantôt mobile, tantôt immobile, avec laquelle ils pompent les fucs, qui leur fervent de nourriture : enfin quelques-uns
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paroîlTettt ne pouvoir prendre aucun aliment, ils n^ont qu’une trompe fi courte , qu’elle ne peut être d’aucun ufage , telle eft celle de quelques phalènes, ou bien ils n*en ont point du tout , & l’endroit de la bouche n’eft marqué que par une fente légère ôc'fort petite, comme dans les oeftres. Cçs animaux ne peuvent avec cet or- 'gane prendre de jiourriture , ôc du refie ils n’en ont pas 'befoin. Lorfque ces infedes font devenus animaux par¬ faits , lorfqu’ils ont achevé leurs métamorphofes , lorf- qu^un papillon , par exemple , après avoir vécu fous la forme de chenille , Ôc après avoir palTé par l’état de .chryfalide , eft forti de fa coque , ôc eft devenu animal parfait, il ne lui refte plus que de travailler à la propaga¬ tion de fon efpeçe,'il n’a plus à croître ni à grollir, Ôc i’ade de la génération eft fouvent fini en fi peu de temps que l’infede n’a pas befoin fous cette derniere forme de •prendre d’alimens. Bien' des papillons , après être fortîs de leurs coques , s’accouplent ^ pondent leurs œufs , Ôc périflent peu après , fans avoir fucé une feule goutte de liqueur. Il n’eft donc pas étonnant que plufieurs infec¬ tes, fous leur derniere forme , n’ayent point de bouche j ou du moins n’ayent qu’une bouche inutile. La nature n’en a pourvu que ceux qui font plus long-temps à faire leur ponte , ou qui doivent fubfifter encore quelque temps ^après Pavoir faite.
Outre les mâchoires ôc la trompe , la bouche des in-; fedes a fouvent une autre partie facile à remarquer. Ce font des appendices , comme des cfpeces de petites an- ;tennes , au nombre de deux ou de quatre , qui accom¬ pagnent la bouche de plufieurs infedes. Les Naturaliftes leur ont donné le nom ^anteiuiuUs , qui leur convient affez. Ces antennules font ordinairement beaucoup plus petites que les antennes, quoiqu’elles fc trouvent plus grandes dans le genre des coccinelles. Elles font com- pofées de trois ou quatre articulations ou anncadx, au lieu que les antennes en ont ordinairement davantage.
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Enfin , elles font placées au-deflbus & aux côtés de la bouche. Leur ufage paroît être de fervir comme d’ef- peces de mains > pour retenir les matières que mange • Pinfeéle ôc qu'il tient à fa bouche.
La fécondé partie du corps de Pinfeêle , celle qui vient après la tête , eft le corcelet. Cette partie répond à la poitrine des grands animaux , elle tient à la tête par devant , & par derrière au ventre , par le moyen d’un étranglement fouvent fort étroit. C’eft au corcelet que font attachées les pattes ou une partie des pattes de Tinfede. C’eft encore*au corcelet que tiennent les ailes, & les fourreaux des ailes dans les infeêtes ailés. Enfin on Voit fur ce même corcelet quelques-uns des organes qui fervent à la refpiration de l’animal. Examinons mainte¬ nant ces parties plus en détail.
On peut divifer le corcelet en partie poftérieure ou dos , & en partie antérieure. Les ailes des infectes , qui en font pourvus , tiennent au dos , à la partie poftérieure du corcelet. Parmi ces infeêtes , plufieurs ont quatre ailes , deux de chaque côté , tantôt égales en grandeur comme dans les demoifelles , tantôt inégales comme dans les abeilles , les guêpes ôc beaucoup d’autres , qui ont les deux ailes fupérieures plus grandes , ôc deux au¬ tres plus petites pofées en-deffous. La forme ôc la ftruc- ture de ces ailes varient aufli infiniment. Les unes font formées d’une efpcce de lame tranfparente , lifTe , avec quelques nervures , comme celles des abeilles : d’autres font chargées d’une infinité de nervures , qui en forment une efpece de refeau 5 comme celles des demoifelles , du fourmilion , ôcc. quelques-unes font parfemées de ta¬ ches , d’autres n’en ont point. Mais toutes ces efpeces d’ailes font nues ôc tranfparentes. Il y a , au contraire , d’autres infeêtes , tels que les papillons ôc les phalènes 5 dont les ailes font chargées des deux côtés d’une ef¬ pece de^ pouftiere colorée , qui fe détache de l’aile , ôc s’attache aux doigts lorfqu’on y touche. Cette pouftiere
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vue au microfcope n’efl: rien moins qu’une efpece de farine , comme elle le paroît à la vue. Ce font des écailles pointues par le bout où elles font attachées à Taîle , plus larges ôc dentelées à l’autre extrémité. Quelques Natu¬ ralises les ont improprement nommées des plumes. Ces écailles étant enlevées des deux côtés, l’aîle du papillon refte tranfparente , & eS feulement entrecoupée par des nervures affez fortes. Mais fi on regarde à la loupe cef:te aile ainfi dépouillée, on apperçoit des filions rangés régu^ liérement , dans lefquels étoient implantées les écailles f pofées par bandes les unes fur les autres , à peu près com¬ me les rangées de tuiles fur un toit fe recouvrent mu¬ tuellement. Ce font ces écailles colorées qui enrichiffent les ailes des papillons de couleurs fi belles & fi éclatantes. D’autres infedes n’ont que deux ailes au lieu de quatre ; tels font les mouches, les coufins , les tipules , ôcc. ces ailes font nues , tranfparentes , & ont feulement quel¬ ques nervures. On voit cependant fur les ailes des cou- * fins quelques écailles femblables à celles des ailes des papillons , rangées feulement à côté des nervures ; mais pour les appercevoir , on a befoin d’une loupe un peu ' forte. Cesinfedes, qui n’ont que deux ailes, femblent en avoir été dédommagés par une petite partie , qui leur eft propre 6c eflfentielle , 6c qui femble tenir lieu des deux autres ailes qui leur manquent. C’efi: une efpece de petit balancier ^ un filet mince ôc court, terminé par une boule ou bouton arrondi , qui fe trouve de chaque côté du corcelet fous l’attache de l’aile. Ce balancier fe peut voir dans les mouches , où cependant il eft un peu , caché par une efpece d’appendice ou de cueilleron fem- blable à un commencement d^aile tronquée , qui fe trou¬ ve. dans ces infedes : mais on voit très-bien ôc très-dif- tindement ces balanciers dans les grandes efpeces de tipules. Leur ufage feroit-il véritablement de fervir de contrepoids à ces infedes , lorfqu’ils volent, à peu près comme nos danfeurs de corde fe fervent d’un long bâton
avec
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avec des poids aux deux bouts ? C’eft ce (jue la petîtefîe de ces parties nous empêche de penfer. Ce qu’il y a de certain , c’eft que ces balanciers font très-mobiles , ôc que les infeêles les font -mouvoir fort agilement , lorfqu'ils volent.
C’eft auftî au corcelet que tiennent les ailes fortes êd nerveufes des infeÛes à étuis , ainfî que les fourreaux écailleux ôc durs qui recouvrent ces ailes , ôc qui font arti¬ culés avec le corcelet ferme & folide de ces infeêles. Mais avant que de quitter les ailes , il nous refte à dire un mot de leur ftrutture , qui eft des plus admirables. Ces ailes fi minces dans la plupart des infeêies j.Ôc qui font aufli tranfpa- Tentes que l’eau , font cependant compofées de deux lames fines , entre Icfquelles rampent les nervures , qui por-^ tent la nourriture , ladion , ôc la vie à cette partie. II ne feroit pas poflible de féparer ces deux lames minces 5 qui font fl fortement ôc fi intimement appliquées l’une contre l’autre ^ quelque' dextérité que Ton employât; ÔC Ton ne pourroit connoitre cette ftrudure particulière des ailes , fl le hazard ne la découvroit quelquefois. Lorfque ies'infeôtes fortent de leurs coques , toutes leurs parties •font molles ôc comme abreuvées de liqueur , elles ont be-* foin de s’étendre peu à peu Ôc de fe fécher ; c’eft ce qui fe fait affez vite. Les ailes font dans le même cas que les au-» très parties : repliées ôc comme chifonnées dans la coque ^ clics fe déployent y s’étendent Ôc fe féchent par degrés. Pendant que cette adion fe paffe , quelquefois il s’épanche de r air dans le tilTu mince qui eft entre les deux lames des ailes. Cet air les tient écartées : l’aile refte épailTe , grolTe ; , difforme ôc véritablement emphyfematique. Cet état de maladie nous fait appercevbir toute la ftruêlure intérieure de l’aile. L’air a été fourni en trop grande abondance par les vaiffeaux aeriens y qui font le long des nervures , ôc qui accompagnent les nerfs Ôc les vaiffeaux nourriftiers.
Notis avons dit que /es pattes , ou du moins une partie des pattes étoit attachée à la partie antérieure du corcelet? TomeL “ B'
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Pour concevoir cette différence , il faut faire attention^ que le nombre des pattes n’eft pas le même dans tous les infeêles : beaucoup en ont fix , d’autres huit comme les araignées & les tiques ; dans quelques-uns il y en a- dix , comme on le voit dans les crabes ; enfin certains infedes font pourvus d’un beaucoup plus grand nombre de pattes: on en compte feize dans les cloportes ^ & certaines efpé- ces de fcôlopendres Ôc d’iules en ont jufqu’à foixante ÔC' dix & cent vingt de chaque côté. Parmi ces infeêtes , tous ceux qui n’ont que fix , huit , ou dix pattes , les portent attachées au corcelet ; mais dans ceux où il y en a davan-- tage^ une partie de ces .pattes tire fon origine du corcelet,
& les autres naiffeht des anneaux du ventre. Dans ces der-- « niers , les pattes qui fe trouvent le long de leur corps , ne pouvoient pas toutes partir du corcelet.
' Ces pattes font ordinairement compofées de trois par¬ ties ; la première qui naît du corcelet ou du corps , eft or¬ dinairement la plus groffe , on peut l’appeller /a cuijje ; la fécondé eft jointe à celle-ci , ôc eft affez fouvent plus grefle ôc plus longue ; nous l’appellerons la jambe: enfin après cette partie , vient la troifiéme , qui termine la patte , & qui elle - même eft compofée de plufîeurs petits anneaux articulés les uns avec les autres , ôc que l’on peut appelier le tarfe ou le pied.. Ces anneaux varient pour le nombre , fuivant les différens infeêtes ; on en trouve dont- les tarfes ont depuis deux , jufqu’à cinq parties & quelquefois davantage. Ce nombre d’anneaux fouvent confidérable , fert à multiplier les mouvemens de la patte de i’infeête , à peu près comme le grand nombre d’os , qui compofent le tarfe des pieds des grands animaux. Enfin le pied de finfi^ête eft terminé par deux , quatre ôc quelque¬ fois fix petites griffes crochues ôc fort aigues , qui fervent a cramponer l’animal , ôc qui tiennent au dernier anneau du tarfe. Souvent , outre ces griffes ou ongles , le deffous des articulations du pied de l’infetlc eft encore garni én tout ou -en partie de petites brofles ou pelottes ipongieufes
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qui s’appliquant intimement contre la furface dcS corps ies plus lifTes & les plus polis , fervent à foutenir Tinfeâe dans des politions , où il paroîtroit devoir tomber. C’eft ce que l’on voit tous les jours dans les appartemens où les mouches montent aifément le long d’une glace ôc s’y fou- tiennent. Toutes ces parties des pattes de l’infede font .articulées enfemble , de façon qu’elles fe meuvent aifé¬ ment'; mais le mouvement qu’elles exécutent n’eft pas toujours le même. En général , la cuifle dans l’endroit où elle eft articulée avec le corps ) fait dans la plupart des infeêles le mouvement de genou ou de pivot, fe remuant en tout fens. Gette aêtion eft aidée par une efpéce de pièce intermédiaire fouvent arrondie j qui fe trouve à l'origine de la cuifle , ôc dont la tête eft reçue dans la cavité de l’articulation. Cependant dans quelques infeêlesy comme ies dytiques , la cuilTe ne peut exercer que le mouvement de charnière , celui de flexion & d’extenfion^ étant retenue par des efpéces d’appendices ou de lames dures : l’articulation de la jambe avec la cuifle ne peut faire non plus que le mouvement de charnière dans prefque tous les infeêles.
Les Jllgmates , qui nous reftent à examiner dans le cor- ceiet , font des ouvertures oblongues , ou ovales , en forme d’efpéces de boutonnières , par lefquelles l’infetle refpire l’air extérieur. Ces ftigmates ne font pas propres ôC particuliers au corcelet ; au contraire , il y en a moins dans cette partie , que fur le ventre , dont prefque tous les anneaux en portent chacun deux , un de chaque côté latéralement , au lieu que le corcelet n’a que deux ou quatre ftigmates. On en voit diftinêlement quatre , deux de chaque côté , un plus haut , l’autre plus bas , dans ies infeàes à deux & à quatre ailes nues ; il y en a pareil nombre dans les papillons^ dont les poils Ae les laiffeiit pas appercevôir aifément ; dans les infeêies à étuis , on ne trouve que deux ftigmates fur le corcelet , un de chaque côté. Nous parlerons bientôt des ftigmates qui fe voyent
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fur les aftneaüx du ventre , en examinant cette partie; Peut-être fera-t-on furpris que le corcelet ait beaucoup moins de ftigmates que le ventre., d’autant que cette partie répondant à la poitrine des grands animaux , fembleroit. devoir contenir feule les organes de la refpiration : mais on n’en fera plus étonné , lorfquon aura examiné la ftruêlure. intérieure de l’infeêle , & qu’on aura vû que fes poumons différent infiniment de ceux des autres animaux. Les poumons des infedes ne font que de longs tuyaux blancs , des efpéces de longues trachées , qui à droite Ôc à gauche parcourent prefque toute la longueur de leurs corps : de ces trachées partent de diftance en diftance des ramifîca-* lions , qui vont aboutir aux ftigmates pour y pomper l’air , que d’autres diviftons de vaiffeaux très-fins portent ÔC diftribuent par tout le corps de l’infeête. Il n’eft pas pofli- ble de fe tromper fur l’ufage de ces trachées & de ces ftigmates ; une expérience fort aifée démontre leur ufage.’ ^Qu’on bouche exaêtement chacun de ces ftigmates avec une goutte d’huile , par le moyen d’un pinceau , l’infede qui ne peut fe paffer d’air , ainfi que les plus grands anH maux , entre en convulfion ôc périt bientôt : fi l’on ne bou¬ che les ftigmates que d’un côté du corps , ce côté devient paralytique. Nous n’entrerons pas dans , un ■ plus grand détail fur les trachées ôc les ftigmates des infeôles , n’ayant pas deftfein de toucher à la deferiptiori anatomique de ces petits animaux , qu’on peut voir en détail dans les Ouvra-*, ges de. Swammerdam , Malpighi ôc Valifnieri. Notre plan n’eft: que de décrire leurs parties extérieures ôc leur genre de vie > ainfi nous pafTons à l’examen de la troi-; liénie ôc derniere partie du corps de l’infeête -, qui eft fon yentre.
Le ventre dans les infeêles proprement dits , eft compofé de plufieurs anneaux ou demi - anneaux , enchaffés les uns dans les autres y par le moyen defquelsil peut s’étendre , fe raccourcir , ôc fe porter en différens fens. Dans les inièôles teftacés , comme les tiques ^ les poux ^ les araignées ôç
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d’autres infe£les fans ailes , on ne voit point de femblables anneaux , leur ventre paroît formé d’une feule pièce. Les' crabes font aufïi dans le même cas , mais au moins ils ont une queue compofée d’anneaux. Ce ventre tient antérieu¬ rement au corcelet ; fouvent il n’y eft attaché que par un filet fort mince. En général , il eft plus gros dans les femelles , que dans les mâles 5 ce qui n’eft pas étonnânt 5 puifque dans celles-là il doit contenir une quantité con-i Îîdérable .d’œufs.
C’eft ordinairement à l’extrémité du ventre que l’on' trouve /es parties dé la génération Quelques-
uns cependant , comme les mâles des demoifelles , les-' pnt à la partie fupérieure du ventre , ôc les mâles des arai-' gnées , encore plus fmguliers j les portent à la tête. Nous' examinerons ces parties plus en détail dans le Chapitre^ fuivant.
Le ventre ^ a , comme nous l’aVons dit', plufieurs ftig-- Inates. On en obferve deux fur chaque anneau , un de^‘ chaque côté , excepté^fur les derniers anneaux.
Enfin , c’eft aufli à la partie poftérieure du ventre , que- jplufieurs infeêies portent les aiguillons dont ils font armés. Ces aiguillons , qui partent de deffous le dernier anneau , font de différentes formes ôc d’un ufage différent : les uns' font aigus ôc pointus , les autres font faits en une efpéce ' 'de feie , d’autres en tariere ; il y en a qui ne fervent à l’in-" feêle qu’à fe défendre ôc à bleffer fes ennemis y d’autres au • contraire ne peuvent nuire , leur ufage eft feulement C 'de percer les endroits où les infeêles dépofent- leur§ * ceufs*
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Histoire Abrégée
CHAPITRE IL De la génération des lafeclesl
ES, anciens Philofophes s’étoient imaginés que les infedes naiffbient de la pourriture , Ôc que des corps organifés , vivans & auffi bien compofés , dévoient leuc exiftence à une efpéce de hazard. Cette erreur tranfmife d’âge en âge ôc foutenue par de grands Naturaliftes , a duré jufques dans le dernier fiéclei Rhedi, Tun des plus Labiles obfervateurs qu’ait produit Pltalie , fut un des pre-* miers qui fit voir rabfurdité de cette .opinion , ôc le dé¬ montra par des expériences inconteftables : il prouva que tous les infe£les naifibient , comme les autres animaux^ d’autres infedes de même efpéce y fécondés par un accou¬ plement qui avoit précédé.
La génération des infeêtes efl: donc femblable à celle des autres êtres animés ; ils s’accouplent y ils font diftin- gués par le fexe , ôc tous les individus parmi ces petits animaux font ou mâles ou femelles ; il faut cependant en excepter quelques genres d’infeêtes y tels que les abeil¬ les y les fourmis ôcc. dans lefquels outre les individus mâles Ôc femelles , il y en a encore d’autres en plus grand nom-* bre qui n’ont aucun fexe y Ôc que plufieurs Naturaliftes ont * appellés les mulets y parce qu’ils ne font pas propres 3 la .génération *: mais ces efpéces de mulets proviennent eux-mêmes des mâles ôc des femelles du même genre qui ife font accouplés , ainfi ils rentrent dans la régie générale ,que nous avons établie.
On peut donc affûter que tous les infeêtes font ou mâ- iJes y ou femelles y ou enfin mulets y ce qui ne fe rencontre .que dans quelques genres ; ôc que l’adion réciproque du mâle ôc de la femelle y eft nécelfaire poux la produêtion .Le nouveaux individus.
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Les parties qui diftinguent les mâles d’avec les femelles , font de deux fortes : les unes n’ont point de rapport à la génération , & les autres font abfolument néceffaires pour la produire. Parmi celles ci , les unes font extérieures ÔC ies autres font intérieures ; nous ne décrirons que les pre- jnieres , ne voulant point entrer dans le détail anatomique ' des infeéles.-
En général , quelqu’un qui connok un peu les infe£l:es y idiftingue fouvent à la première vûe , un mâle d’avec une ' femelle , par pluficurs marques extérieures qui ne dépen-' dent point des parties du fexe ôc n’y ont aucun rapport. .Premièrement la greffe ur du corps ôc particuliérement celle du ventre eft différente. Dans les grands animaux les mâles font affez ordinairement plus gros que leurs femel-~ les ; dans les infedes c’eft tout le contraire , les mâles font prefque toujours plus petits ; il y a même certains mâles qui font d’une petiteffe énorme par rapport à leurs - femelles. J’ai vu des fourmis accouplées , dont le mâle’ ^oit fl petit qu’il ne faifoit pas la fixiéme partie de la grof-' feur de fa femelle ; il eft de même des cochenilles ôc des kermès ; la femelle eft affez groffe , tandis que le mâle reffemble à un très-petit moucheron , qui court ôc fe pro¬ mené fur le corps immobile de fa femelle , comme fur un ' vafte champ. La difproportion n’eft pas à beaucoup près fi ^grande dans beaucoup d’autres infeâes ^mais au moins les ^ femelles ont le ventre beaucoup plus gros que leurs m⬠les 5 ce qui étoit néceffaire , puifqu il doit être capable de contenir une quantité prodigieufe d’œufs. Une autre diffé-~ ïence fouvent affez notable dans les infeêles de différens' fexes 5 confifte dans la forme ôc la grandeur de leurs anten¬ nes ; elles font ordinairement plus grandes dans les mâles : <ju’on examine un hanneton mâle , ôc fa femelle ; celle-ci a ' les feuillets qui terminent fes antennes , courts ôc petits , tandis que le mâle les a grands ôc apparens : la même cholie s’obferve dans prefque tous les infeêles à étuis, mais dans beaucoup^d’autres genres , U y a une autre différence
Histoire abrIgée encore plus fenfible dans les antennes : c’eft particulière^ •ment dans certaines phalênes^plufieurs tipules ôc quelques autres infedes , dont les antennes font barbues comme les côtés d’une plume y qü’on peut obferver cette différence :! leurs mâles ont kurs antennes à plumes ou à barbes granH des 5 larges & belles , imitans une cfpéce de panache , tan-î dis que celles des femelles ont des barbes fi étroites y que; 'fouvent même elles ne paroiffent pas , & qu’on les ccoiroit compofées d’un feul ôc limple filet.
Une troifiéme différence de certains înfcêles mâles ôC “femelles , dépend des cornes ou appendices de la tête , on du corcelet ; par exemple le fcarabé , appellé moine ou ea-* pucin , le boufier qui lui reffemble , Ôc d’autres infeôles femblables , ont des cornes y ou' à la tête y ou au corcelet y qui ne fe trouvent que dans les mâles y ôc qui manquent ,abfolument aux fe nielles : c’efl'à peu près comme les cor-’ nés des beliers que Ja nature a refufées aux brebis. On voit dans le petit comme dans le grand y que les mâles des animaux ont reçu plufieurs parties qui leur fervent, ou de parure , ou de défenfe ; tandis ^que les femelles en font "privées.
C’eft ce qü’on obferve encore par rapport à une qua-( .triéme différence , qui fe remarque entre certains infeôfes mâles ôc femelles : cette dernicre confifte dans les ailes ^ qui manquent à plufieurs femelles , tandis que les mâles .en font pourvûs. Dans la plupart des ferions d’infe£i:es,oiii peut obferver quelques efpéccs qui font dans ce easy Tarmi les infeôles à étuis , le vers luifant femelle n’a nî , ailes ni étuis, les uns ni les autres ne manquent point à forf mâle : les hemipteres ou infeôfes à demi étuis nous, offrent un pareil exemple dans les kermès ôc les cochenillesw Il en efl de mêrne des infeôles à ailes couvertes d’écailles^ ^quelques phalènes ont des femelles qui n’ont point d’ailes y QU qui n’en ont tout au plus que des moignons informes y (Comme la phalène de la chenille à broffe ôc quelques ;^utres i quelques ichneumons d^s la feôlioa des infeôtes à
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quatre ailes nues, ont des femelles fans ailes , qui refiem- blent à des mulets de fourmis à la première vue : il n’y a guères que parmi les infedles à. deux ailes , qu’on ne remarque aucune efpéce où cette différence fe trouve.
Mais toutes ces différences ne font point effentielles à la génération , elles ne fe rencontrent que dans un certain nombre d’efpéces : la véritable diftinélion des mâles d’a¬ vec les femelles , confifle dans les parties du fexe. Ces parties font , comme nous l’avons dit , affez ordinairement placées à l’extrémité du ventre : dans la plupart des infec¬ tes mâles , fi l’on preffe le ventre, on fait fortir par l’ouver¬ ture qui efl à fon extrémité deux efpéces de crochets fou- vent bruns , affez durs , & en preffant encore plus fort par gradation , ces deux crochets s’entrouvrent , & on voit paroître entr’eux une partie oblongue , qui eft la véritable partie du mâle : les crochets fervent à l’infedle à s’accro¬ cher & à fe cramponer après fa femelle , & lorfqu’une fois il l’a faille , la véritable partie néceffaire à la génération fait foh office : dans l’état ordinaire ces parties parpiffent peu , il faut comprimer le ventre pour les découvrir ; mais lorfque le mâle.preffé par des mouvemens amoureux, veut careffer fa femelle , il pouffe lui-même,au dehors. ces parties , qui font enflées & tendues.
Il en efl de même de la femelle , dont les organes font cachés dans l’intérieur du ventre : lorfqu’on le preffe , on ne voit point fortir les deux ^rochets qui s’apperçoivent dans le mâle , on ne fait paroître tout au plus qu’une efpéce de canal ou conduit , qui lui fert comme de vagin , dans lequel le membre du mâle s’introduit , & par lequel les œufs fortent , lorfquhls font dépofés dans le tems de la ponte.
Telles font les parties du fexe qui fe voyent au-dehors & par lefquelles on peut aifément reconnoître les infec-i tes mâles ôc les femelles.
Dèrs que l’on voit , en comprimant le ventre , deux cro¬ chets avec une efpéce de membre au milieu , on peut
Tome /, C
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aflurer que cet iiifetle eft un mâle ; fi au contraire il ne forr rien , ou qu’il n’y ait qu’un limple conduit ^ ceft une femelle. Nous n’entrons point dans le détail des parties intérieures beaucoup plus nombreufes ôc plus admirables. ,On peut confulter fur cet article Swammerdam , Malpi-, ghi éc d’autres , qui ont traité à fond Panatomie des infec¬ tes. Pour nous , nous ne décrivons que leur figure extérieu¬ re , leur vie , leurs mœurs : nous nous bornons à écrire leur.’ tiifloire , ôc un Hiflorien n’eft pas obligé de donner une’ defeription anatomique des peuples dont il parle.
Les parties que nous venons de décrire , fe trouvent dans tous les inîeéles , excepté dans lés mulets de certains genres , qui n’ont point de fexe. Ces derniers font inutiles pour la propagation de l’efpéce. Quant aux autres , un de leurs premiers foins efl de la multiplier , en s’accou¬ plant mutuellement : cet accouplement s’opère au moyen des crochets dont le mâle eft pourvu alfez ordinairement : îe mâle comme le plus lafeif , monte amoureufement fur la femelle , l’agace , va & vient autour d’elle ; celle-ci €ommen(;ant à participer aux mouvemens qui agitent le mâle , étend fon ventre , entr’ouvrela fente qui eft à l’ex¬ trémité , en fait fortir le canal de la matrice , que le mâle faifit avec fes crochets : pour lors le refte de l’accouple¬ ment eft aifé , il confifte dans l’introduélion de la partie mâle. Dans quelques infeéles cet accouplement eft long > ils reftent quelquefois des journées entières unis enfem- ble ; ils marchent , ils volent même dans cette attitude y fans que le mâle lâche la femelle , comme on le voit tous les jours dans les papillons blancs des jardins ; dans d au¬ tres y comme les mouches , il eft plus court ; fouvent ces accouplemens ne font pas uniques ; un mâle a-t-il quitté une femelle , quelquefois un autre la reprend ôc l’attaque de nouveau. Certains infeéles même qui ne font pas leur ponte tout de luite , s’accouplent dans l’intervalle de chaque ponte.
Outre cette maniéré de s’accoupler ; qui eft la plus
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commufte parmi les infedlcs ; il y en a encore quelques autres , que pratiquent .certains genres d mfe6les , dont quelques-unes paroiffent fort finguliéres ôc dépendent de la pofition ôc de la fituation des parties du fexe. Nous ver¬ rons par exemple dans la fuite en parlant des demoifellcs 9 que leur mâle a les crochets fitués à l’extrémité du ventre comme la plupart des infedes > mais que la partie la plus néceffaire à la génération eft placée à l’origine de ce même ventre proche le corcelet , tandis que fa femelle a l’orifice du vagin vers la queue. Cette conftruétion rend l’accou¬ plement fort différent : le mâle fe fert à la vérité de fe crochets pour faifir la femelle > mais il ne la prend point à la queue , jamais il ne pourroit faire parvenir à cet endroit le haut de fon ventre où ell la partie de fon fexe ; il accro¬ che la tête de la femelle j il la faifit au col avec l’extré-; mité de fa queue y mais lorfqu’il la tient ainfi y il n’en paroît pas plus avancé ; il femble que l’accouplement ne pourra jamais fe faire y ôt réellement il ne fe feroit point , fi la femelle ne faifoit le refie de l’ouvrage : celle-ci ainfi ferrée & fatiguée par le mâle qui ne la quitte point y ôc peut-être charmée de fe voir ainfi provenue y condefeent à les défirs : elle recourbe en devant fon ventre qui efl fort long & en fait parvenir l’extrémité jufqu’au deffous du corcelet du mâle , à l’endroit où fe trouvent fes parties : pour lors l’accouplement efi parfait. La femelle refie ac¬ crochée par un double lien : fa tête efi prife par l’extré¬ mité du ventre du mâle , tandis que fa queue efi unie à l’origine de ce même ventre ; elle forme une efpéce de cercle. Il en efi de même des araignées dont l’accouple¬ ment a fait jufqu’ici un point d hifioire naturelle difficile à connoîcre. Ces infeâes portent leurs parties mâles à la tête & leurs femelles les ont fous le ventre : ce font donc, dans leurs nccoiiplemens , ces efpéces de bras des mâles qui vont chercher la partie des femelles. Nous expliquc- rons^cet article plus en détail , en traitant les genres des infeêles en particulier. *
20 Histoire ABRÏoéE
Lorfqué l’accouplement efl accompli , fouvent les m⬠les des infectes périffent très-peu de tems après ; ils font épuifés & languilTans : la nature ne les avoit deftinés qu’à féconder leurs femelles ; dès qu’elle a pourvu à la propa- . gation de l’cfpéce , ces mâles deviennent inutiles ; il n’en cft pas de même des femelles , elles vivent affez ordinaire¬ ment un peu plus que leurs mâles ; il faut qu’elles falTent leur ponte y mais lorfqu’cllc eft faite , elles pétillent aulli. bientôt.
Cette ponte dans la plupart des infeêtes , confifte à dé-- pofer leurs œufs. Je dis dans la plupart des infedtes , car ib y en a quelques-uns , qui ne font pas des œufs , mais des petits tous vivans : ces infeêtes font vivipares. Cette diffé¬ rence paroît d’abord alTez fingulicre. Toute la clalTe des animaux quadrupèdes eft vivipare , ces animaux font tous xies. petits femblables à eux & vivans : les oifeaux au con- .traire font tous ovipares tous pondent des œufs & aucun ne fait des petits vivans. Il fembleroit donc que la nature devroit être uniforme dans les autres claUes c^’animaux mais c’eft tout le contraire : parmi les poilfons , le grand nombre fait des œufs , mais quelques-uns font des petits » tels que tous les poilfons qui approchent des baleines^ Il eft vrai que ce genre de poilfons tient beaucoup des qua¬ drupèdes , qu’il en a tous les caraêleres y enforte qu’il n’eft pas étonnant qu’il leur relfemble en cet article comme dans beaucoup d’autres. Mais fi nous fuivons les autres clalfes , nous verrons que dans toutes il y. a des animaux qui mettent leurs petits au monde de l’une. & de l’autre jfaçon ; que. dans, toutes il y a des animaux ovipares ôc vivipares ; ôc pour commencer par les reptiles ou amphi¬ bies , la plupart font des œufs , mais la vipere eft vivipare y ôc c’eft pour cette raifon qu’on lui a donné le nom de vipere. Les vers font une clalfe compofée d’animaux pref- que tous ovipares y quelques-uns néanmoins font vivipa- ps tels que la came des rivières y une coquille turbinée > qui porte le nom de vivipare ; Ôc quelques autres.
DES Insectes. 21
* Les lnfe£les ne font donc pas les feuls animaux qui ren¬ ferment dans leur clafTe des efpéces ovipares & d’autres vivipares. Il eft vrai que les dernieres font en petit nombre ; nous n'avons que les cloportes ^ les pucerons , & quelques efpéces de mouches , qui falfent des petits vivans : tous les autres infettes font ovipares. Les œufsjque pondent ces in¬ fectes , varient beaucoup pour la figure ; il y en a de ronds, d’oblongs & de toutes fortes de formes ; quelques-uns font aigrettés , ou bien ornés d’une efpéce de couronne de poils : iis varient aufii pour les couleurs. Nous dirons quel¬ que chofe de tous ces œufs différens , dont quelques-uns font admirables , en traitant les infeCtes en détail. Nous lemarquerons feulement ici que ces œufs font fouvent en très-grand nombre , par centaines , par milliers , & qu’en général les infeCtes font très-féconds ; il femble que plus les animaux font petits , plus la nature les a multipliés. Les grands animaux ne font qu’un petit à la fois , & le portent long-tems : une vache ne fait qu’un veau par an ; d’auires quadrupèdes plus petits multiplient davantage. La fécondité des lapins paroît finguliere, mais elle n’approche pas de celle de la plupart des infeCles. Süivant les calculs qu’en ont fait plufieurs Auteurs, une feule abeille femelle^ celle que l’on appelle la reine”, donnera elle feule naifian- ce à deux , trois , & quatre eflaims dans uns année ,-Ôc le moindre de ces effaims ell fouvent compofé de quinze ou feizc mille abeilles. Les papillons & nombre d’autres înfeCles ne multiplient guères moins. Une pareille fécon¬ dité étoit néceffaire pour conferver ces^ efpéces d’ani¬ maux , qui , fervant de nourriture à plufieurs autres, font continuellement expofés à devenir la proie d’un nom¬ bre infini d ennemis. Nous verrons , en parlant de la nour¬ riture des infeCles , que ces petits animaux fe tendent des pièges , fe dévorent les uns & les autres tandis qu’ils font expofés à être dévorés par les oifeaux , les reptiles , les poiff^ns , &: nombre d’autres animaux.
. Lorfque les infedes dépofent leurs œufs ; la plupart le
22 Histoire abrégée
font avec un foin qui fsmbleroit demander la plus gran3c intelligence , il l’on ne fçavoit qu’ils font conduits 6c diri¬ gés par une intelligence fupérieure > qui prend autant de foin des plus petits infeéle^ , que de l’animal le plus grand Ôc le plus parfait. En général , la mere a la précautiott de placer fes œufs dans un endroit où lesqpctits naiflans feront fûrs de trouver la nourriture qui leur conviendra*’ L’infeéle fe nourrit-il d’une plante particulière , c’ert fur cette plante que fe trouvent fes œufs : s’il fe nourrit de ra¬ cines ou de bois , les œufs font dépofés dans la terre oo fous les écorces des arbres , quelquefois même dans la fubftance du bois.
Les matières les plus fales ôc les plus dégoûtantes four- niffent la nourriture de quelques infeâes , lorfqu^ils font jeunes : leur mere , qui depuis long-tems a quelquefois abandonné ce fale domicile , va le chercher de nouveau , lorfqu’elie veut faire fa ponte , inflruite que fes petits y trouveront un aliment convenable. Beaucoup d’infeéles,' qui après avoir palTé une partie de leur vie dans l’eau , font devenus enfuite habitans de l’air ^ vont retrouver les bords ou la furface de l’eau , pour y dépofer leurs œufs : enfin, il y a des infectes dont les petits fe nourriflent d’autres in-; îeétes dans leur jeunefie ôc fous leur première forme ; la mere , qui depuis fa transformation , ne peut nuire à ces mêmes infeétes , qui ne leur touche feulement point , fçait aller dépofer fes œufs au milieu d’eux , fouvent fut leur corps , ôc même quelquefois dans leur intérieur , afîit que fes petits puifient trouver en naiflant l’aliment quô la nature leur a deftiné.
Une autre prévoyance que femblent avoir les infeêtes ^ c’eft de mettre leurs œufs , autant qu’il eft pofiible , à fabrî du froid ôc des ennemis qui pourroient les dévorer. Nous avons dit que quelques-uns les enfonçoient en terre | d’autres les dépofent dans le parenchyme des feuilles des arbres Ôc des plantes , entre les deux membranes qui\:om- pofent^ces Feuilles. Quelques-uns comme les araignées
DES Insectes^ •
lès enveloppent d’un tiflu foyeux très-fin & délicat ? que plufieurs portent avec elles : d’autres comme certaines phalènes les recouvrent de poils qu’ils détachent de leur propre corps , & qui les dérobant à la vue , les défendent du froid extérieur : d'autres enfin les cachent entre les
Çoils des grands animaux , dont la chaleur les fait éclore.
ant d’induftrie de la part de ces petits animaux^, doit nous faire admirer de plus en plus la grandeur du Créateur, dont la fagefle infinie ne brille pas moins dans les corps de la nature les plus petits ôc les plus vils à nos yeux , que dans ceux qui nous paroiffent les plus furprenans ôc les plus dignes de notre attention.
A"?' . ' - -
chapitre III.
métamorphojes ou du développement des Infimes.
ES animaux de claffes différentes de celle des înfec-’ tes , naiffent tous ou prefque tous avec la même forme' qu’ils auront toute leur vie.
Un quadrupède au fortir du ventre de fa mere , eft un vrai quadrupède , dont tous les membres bien développés confervent la même figure jufqu’à la plus grande vieil- leffe : s’il lui arrive quelques changemens , ils ne con- fiftent que dans la grandeur ôc la proportion , ôc nullement dans la conformation des parties. Il en eft de même des oi- féaux , qui au fortir de l’œuf paroiffent fous la même for¬ me qu’ils conferveront jufqu’à la mort. Quelques infeêles font dans le même cas , mais ce n’eft pas le plus grand nombre. En générai , tous les infeéles qui n’ont point d’aîlçs , à l’exception de la puce feule , naiffent avec la même figure qu’ils doivent avoir toute leur vie : le clopor¬ te , par exemple , qui eft vivipare , fort du ventre de fa me¬ re avéc toutes les parties qui conftituent un véritable cîo- çprte l’araignée qui vient d’un œuf ^ fort de cet œuf avec
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le corps ^ les patres & toutes les autres parties qui fe font voir dans les grandes araignées : il en eft de même des •tiques , des poux y des fcolopendres ôc des autres infeêles dépourvns^d ailes que nous avons délignés au .commence¬ ment y par le nom d’infecles cruftacés ; tous ne différent de leur mere que par'la grandeur, à ,cela près ils confer* vent la même figure dans la jeuneffe ôc dans leur âge
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les autres infeôles y ceux qu*on peut appeller înfec-' tes proprement dits^ ne font pas dans le même cas. Sou¬ vent lorfqu’ils paroiffent au jour y lorfqu’ils percent l’cjeuf dans lequel ils étoient renfermés , ils ne reffemblent nuUe-^ ment à ceux qui leur ont donné le jour. Avant même que de parvenir à cette derniere forme y ils paffent par plufieurs autres : ce font ces différens changemens des infeôles auxquels on a donné , peut-être fans trop de fondement y le nom de métamorpholés. Nous allons d’abord en rapportei: quelques exemples. y
Que l’on prenne les œufs que dépofe un papillon ; au bout de quelque tems , les œufs éclofent , il en fort un animal ; mais ce n’eft pas un papillon femblable à celui qui a donné naiffance à l’œuf , c’eft une chenille qui paroît en différer beaucoup. Cette chenille eft donc la premiefe forme y fous laquelle paroît à nos yeux le papillon au fortk de l’œuf ; c’eft fous cette forme que cet infeête croît Ôt groffit y c’eft fous cette forme qu’il change plufieurs fois de peau y avant que de parvenir à fa derniere groffeur ; lorf-; qu’une foisdl y eft parvenu , pour lors il fe fait un fécond changement , cet infeête change encore de peau y il fe dépouille y non plus comme les premières fois y pour paroi-; tre fous la figure de chenille y mais fous celle de nymphe ou de chryfalide. C’eft le fécond état du papillon, dans lequel il refte pendant quelque tems , fans pouvoir marcher , preA que fans mouvement , & fans prendre de nourriture , juf-' qu’à ce que de cette nymphe il forte un papillon. D^ns ce troifiéme ôç dernier état ; l’ammal relfemble à celyi qui lui
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parfait.
Mais
DES Insectes; 25:
a donné nalfTance ; il n’a plus de changemens à fubir ; il eft propre à la génération ; en un mot il a acquis toute fa perfection , c’eft un animal parfait , au lieu que dans les deux premiers états qui avoient précédé , il ne faifoit que croître , prendre de la nourriture ôc fe développer fuc- cefTivement.
Qu’on obferve les mouches , on verra les mêmes chan¬ gemens , ou au moins des métamorphofes très-approchan¬ tes. Une mouche , par exemple , dépofe fes œufs fur la viande , ce qui n’arrive que trop fouvent ^ ôc la fait corrom¬ pre i obfervons l’œuf qu’elle a dépofé , au bout de quelques )ours 5 nous en verrons fortir une efpece de vers^ qui ré¬ pond à la chenille du papillon , c’eft le premier état de la mouche. Ce vers fe nourrit , groffit , & lorfqu il eft parvenu à fa derniere grandeur , il paffe à l’état de nym¬ phe , au fécond état des infeCtes à métamorphofes. Il efl? vrai que cette nymphe diffère de celle du papillon , l’in- feCte ne quitte point fa peau ^ mais cette peau fe durcit , forme une efpéce de coque , dans laquelle eft la véritable nymphe , qui refte dans cet état fans prendre de nourriture ôc fans mouveniens. Enfin à ce fécond état , fuccéde au bout de quelques jours le troifiéme ; de cette nymphe , -de cette efpéce de coque fort une mouche parfaite , femblable à la mouche mere. La mouche fous fa première forme a pris tout fon accroiffement j lorfqu’elle fort de fa coque elle n’a plus à croître , c’eft un infecte parfait. Tels font les changemens ou métamorphofes que tout le inonde peut aifément obferver dans les infeêtes,
- Ainfi ceux d’entre ces animaux , qui font fujets à ces changemens , paffent par trois états différons.
Le premier eft celui qu’ils ont au fortir de l’œuf : l’in-- £e£le pour lors reffemble à une efpéce de vers , ôc réelle¬ ment on lui donne fouvent ce nom. On appelle vers de mouches ceux qui fe trouvent dans la viande y vers de chair pourrie , ou vers de bouze de vache, plufieurs qui donnent des infeêtes à étuis. Mais .comme le nom de vers
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26 Histoire abrégée
appartient plus particuliérement à une claffe d'infeéles 9 qui relient toute leur vie fous la même forme , comme les vers de terre ôcc. nous croyons devoir donner un autre nom aux infeêles , pendant ce premier état de leur vie : celui de chenille a déjà été donné à quelques-uns ; mais il eft confacré principalement aux papillons & aux pha¬ lènes. Quelques Auteurs ont appellé ces vers d’infeêtes 'lan^a 9 comme qui diroit mafque , parce que fous cette figure l’infeêle eft comme mafqué. Nous traduirons ce mot par un qjot francois , & nous appellerons les infeêles dans ce premier état 9 larves. On eft fouvent obligé d'employet des expreftions nouvelles 9 lorfqu’on a à traiter des fujets neufs & fur lefquels on a peu écrit. Ces infeêbes dans ce premier état 9 ces larves varient beaucoup , fuivant les différens genres d’infeêles : en général cependant 9 elles ont toutes le corps compofé d’un nombre d’anneaux. Quel-< ques-unes ont des antennes , beaucoup d’autres n’en ont point ; beaucoup ont leur tête dure & écailleufe 9 comme les chenilles & les larves d’infeêtes à étuis > d’autres 9 comme celles des mouches ont des têtes molles , dont la forme eft changeante & variable : dans plufieurs 9 on diftingue aifément la tête , le corcelet ôc le ventre ; dans d’autres , il n’eft pas aifé d’alTigner la diftinflion de chacu¬ ne de ces parties , elles femblent continues & confondues enfemble ; dans certaines , on ne diftingue pas aifément là féparation du corcelet d’avec le ventre* La plus grande partie de ces larves a des pattes : les unes n^én ont que fîx * placées vers leur corcelet , telles que les larves de tous les infedes à étuis & plufieurs autres : d’autres en ont davan¬ tage 9 comme les chenilles , qui ont dix , douze & plus or¬ dinairement jufqu’à feize pattes , & les larves des mou¬ ches à fcie , que M. de Reaumur a nommées fauffes che-*- nilles , à caufe de leur relTemblance avec les chenilles 9 qui ont toutes plus de feize pattes , fouvent jufqu’à vingt- deux. Mais parmi ce nombre de pattes , il n’y a que tes fix premières qui loient dures & écaUleufes, Ge font ces ft»
DES Insecte s\ ‘^7
pattes qui répondent à celles que doit ay'oîr par la fuite i’infede parfait , les autres font mollafles ôc reffemblent à des mamelons^bordées ordinairement en tout ou en partie d’un nombre confidérable de petits crochets ; d’autres larves au contraire , telles que celles des mouches & d’autres animaux approchans > n’ont point de pattes ^ elles rampent comme les vers , ce qui leur a fait donner par plu- lieurs Naturaliftes le nom de vers : enfin différentes larves ont des aigrettes ^ des tuyaux qui leur fervent à refpirer ,
& qui en même tems femblent leur fervir d’ornemens. C’eft ce qu’on obferve principalement dans les larves aquatiques. Nous entrerons dans tous les détails de ces différences , en parlant des larves de chaque genre d’in- feéle en particulier.
C’eft fous cette première forme que l’infeéle prend tout fon accroiffement. On voit tous les jours la larve groftîr ; aufti l’infeéle dans cet état mange-t-il beaucoup. Qu’on _ examine un vers à foye ) qui n’eft que la larve d’une efpéce de phalène > qu’on l’examine ) dis-je 5 au fortir de l’œuf , ôc qu^on le conlidere de nouveau huit ou dix jours après , on auroit peine à croire que c’eft le même animal , tant il eft groffi. Mais comme la peau de la larve ne pour- roit pas fe prêter à un accroiffement fi fubit , ôc fe diften- dre affez facilement , la nature femble avoir enveloppé l’infede de plufieurs peaux les unes furies autres. Lorfque l’infeSe eft un peu grolli , il quitte fa première peau , fa peau extérieure , ôc pour lors , il paroît enveloppé de celle qui étoit deffous. Cette fécondé étoit probablement pliée ôc refferrée fous la première ; il la garde jufqu’à ce que l’accroiffement de fon corps la rende trop étroite ; pour lors elle fe fend comme la première? il s’en débarraffe ôc paroît avec la troiliéme , qui étoit cachée fous cette fécondé ? ôc qui refferrée ôc pliffée fous elle , fe développe ôc s’étend lorfqu’il en eft débarraffé. Ces changemens de pea\îf s’obfervent aifément dans les vers à foye : la plupart des larves l’exécutent de même & le répètent quatre ou
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cinq fois 6c niême davantage dans quelques genres. Lorf- ^ que Tinfede eft prêt à fubir ce changement , qu’il va quit¬ ter fa peau , il refte pendant quelque tems fans manger ; il eft prefqu'immobile ; il paroît malade , ôc réellement il doit Pêtre ; ce n’eft pas une petite opération pour lui , fouvent même il y périt. Quand il eft refté quelque tems dans cet état , fa peau commence à fe fendre fur le dos 5 un peu au-delTous de fa tête ; il femble que pour la faire fendre ^ Pinfede fe gonfle ôc fe rétrécit alternati¬ vement à cet endroit r lorfqu’une fois la fente a commencé à fe faire , il eft plus aifé à Pinfede de l’augmenter , ôc enfin il parvient à retirer fa tête Ôc enfuite fon ventre de Piiitérieur de l’ancienne peau ^ ôc à s’en débarrafler en¬ tièrement. On concevra aifément combien une telle opéra¬ tion doit coûter de peine ôc de travail à l’infede , fl Ton confldere la peau qu’il vient de quitter ôc qu*on Pétende. On verra que non-feulement fon corps a mué ^ mais que chaque partie jufqu’aux plus petites ^ tout en un mot a changé de peau.
Les pattes de î’infede paroiffent dans la peau qy’îl a quittée , mais creufes ôc vuides ; il en eft de même des antennes , des différentes appendices , tubercules ôcc. il a fallu que l’infede retirât ôc dégageât toutes ces parties de l’ancienne peau , à peu près comme nous tirons la main de dedans un gant. Tout, jufqu’au poil de l’infede , s’eft tiré de dedans fon fourreau : bien plus les ftigmates auxquels aboutiffent les canaux aeriens qui font dans l’intérieur du corps de l’infede , ces ftigmates qui fe trouvent dans les larves comme dans les infedes parfaits , quoique fou- vent différemment placés ôc conftruits , paroiffent dans la dépouille que quitte Panimal , mais ils n’y font point d’ou¬ verture ; il fe détache de deflus le ftigmate une pellicule mince , qui tient au refte- de la peau ; enfin les yeux même fe font dépouillés avec le refte ; il n’eft aucune partie du corps qui en foit exempte. Il y a cependant des clibnil- ieg velues dont les poils ne muent pas ayec le refte du
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corps. On trouve bien tous les poils attachés à la dépouille de rinfedle , ôc lorfqu’il a mué il paroît aulli velu qu’au- paravant : mais ces nouveaux poils n’étoient pas renfermés dans ceux que Kinfefte a quittés , comme dans des gai¬ nes , ainh que les autres parties : ils étoient exiftans & couchés fous la première peau , ôc dès que cette peau eft dépofée J ils fe redrelfent ôc paroilTent à la place des an¬ ciens : probablement ces inl’edes doivent avoir un peu plus de facilité à changer de peau , ces poils doivent aider l’ancienne- dépouille à s’enlever.
Nous avons dit que cette opération fi difficile ôc (i labo-* rieufe fe répétoit plufieurs fois , jufqu’à ce que Tinfede fût parvenu à fa derniere groffeur ; pour lors , il paffe à fon fécond état que nous allons examiner. •
Pour opérer cette métamorphofe , la larve change une ’ dernjere fois de peau ^ elle fe dépouille à peu près de la même maniéré qu’elle a déjà fait ; mais au lieu de paroître fous la .même forme , elle en prend une qui ne reffemble guères à celle qu’elle avoir. Les Naturaliftes ont appellé les infedes , lorfqu’ils font fous cette fécondé figu¬ re , nymphes , peut-être parce que plufieurs de ces nym¬ phes femblent emmaillotées ôc comme chargées de bande* îettes. Parmi ces nymphes ^ quelques-unes font dorées ôc brillantes J ce qui les a fait appellcr ckryfaUâes ( chry^ faits , aurelia ). Ces nymphes varient beaucoup pour la forme , la couleur ^ le mouvement , ou le défaut d’ac- ||ion , ôc mille autres circonftances. Quelques Auteurs même ont voulu fe fervir de ces différences de nymphes , pour ranger les infedes en différens ordres. De ces nym¬ phes , les unes n’ont aucun mouvement les autres vont > viennent ôc marchent comme les larves ; les unes ne reffemblent prefqu’en aucune façon à un*infede ^ mais repréfentent feulement un corps obiong , dans lequel on? apperçoit quelques anneaux ôc différentes éminences ÔC cavi^s , ce qui leur a fait donner en François par quelques Auteurs le nom de feve : dans d’autres au contraire on
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diftingue tous les membres ôc toutes les parties derinfeéle- Nous ne nous arrêterons point aux noms difFérens qu’ont reçus ces différentes formes de nymphes > & pour éviter la confufion , nous appellerons indiftinêlement tous les in*- feêles qui font dans ce fécond état , nymphes ou chry* Jalldes,
Nous diftinguerons en général quatre différentes formes de ces nymphes ou chryfalides.
La première qui s’obferve dans les papillons , les phalê* nés ôc quelques autres infeêtes y reffemble peu à un ani¬ mal : on ne diftingue prefqu’aucune de fes parties y oa ffapperçoit que quelques anneaux qui forment le bas de la nymphe y ôc dans le haut y on voit fur l’extérieur de cette chryialide y les impreftions fouvent peu diftinôles des an¬ tennes , des pattes ôc des ailes. Cette efpéce de nymphe n’a de mouvement que celui que peuvent produii;e les anneaux de fon ventre y qui eft léger ôc ne peut guères la faire changer de place. La peau de cette première efpécc de chryfalide eft ordinairement dure y épaiffe^ féche ôc comme carcilagineufe.
Dans la fécondé efpéce de nymphe j il n’en eft pas de même : on diftingue aifément toutes les parties de l’infede ; elles ne font point recouvertes d’une peau dure ôc coriace , mais d’une fimple pellicule y qui enveloppe les parties féparément : aulli cette chryfalide eft -elle molle , ôc fi on la touche y on la bleffe aifément. Cette fécondé efpéce n’a guères plus de mouvemens que la pr^j^ miere. On en voit des exemples dans les infeêles à étuis , dans beaucoup d’infeêtes à quatre ailes nuës , tels que les abeilles , les ichneumons , les guefpes y ôc dans les infeêtes à deux ailes y comme les mouches , ôcc.
La troilîéme efpéce de nymphe diffère des précéden¬ tes , en ce que fes parties font affez développées ôc paroif- fent aux yeux ^ ôc que de plus la nymphe va ôc vient ^ ôc a même fouvent des mouvemens fort vifs : telles for?t les nymphes des çoufins & de quelques efpéces de tipules ^
DES Insectes; 31
qui refTemblent beaucoup aux coufins. Ces fortes de nym¬ phes ne fe voyent guères que parmi les infeûes qui palTent te premier 6c Je fécond état de leur vie dans Teau. Elles reffemblent aux deux premières efpéces , en ce que les in- feéles fous cette forme ne prennent aucune nourriture , ôc elles n’en différent que parce que ces nymphes ont la faculté de fe mouvoir.
Enfin la quatrième 6c derniere efpéce de nymphe efl: celle qui s’éloigne le plus des précédentes. Ces efpéces de nymphes , outre la faculté de fe mohvoir 6c de marcher ont encore celle de prendre de la nourriture ; elles reffem- blent plus à des infeéles parfaits , ou à des larves > qu à de véritaDles nymphes ; elles ont des antennes , des pattes , Ôc beaucoup d’autres parties femblables , bien dévelop¬ pées , dont elles font ufage. Telles font plufieurs nymphes aquatiques j telles que celles des demoifelles , des éphe- meres ôc d’autres infeéles ; telles font parmi les nymphes terreftres , celles des punaifes , des fauterelles , des gril¬ lons , ôc nombre d’autres , qui ne différent prefque de i’infeâe parfait , que par le défaut d'aîles. Leurs ailes ne font point développées , elles font entaffées , pliffées , ÔC forment des efpéces de boutons j ou moignons d’aîleS attachés au corcelet : à cela près , ces nymphes reffem¬ blent tout-à-fait à l’infe^le parfait : mais quoique ces der¬ nières nymphes foient beaucoup plus formées que les pré¬ cédentes , ces infeétes ne peuvent cependant fous cette forme s’accoupler , ni travailler au grand ouvrage de la- génération , pas plus que les larves ôc les autres nymphes ; il faut pour cela que finfeôte foit paffé à fon état de per¬ fection.
On voit par ce que nous venons de dire , combien peu' fe reffemblent les différentes efpéces de nymphes. Plufieurs d’entr’elles font prefque fans mouvemens , tandis que les autres en ont un fort vif : ces dernieres peuvent fuir ÔC évite# les dangers ôc les ennemis auxquels elles feroient- expofécs ; mais il n en eft pas de même des premières ; qui-
s 2 Histoire abrogée
•font immobiles. Aufîi la plupart des nymphes ) qui font dans ce cas , font-elles pourvûes d’une efpéce de rempart qui les met à l’abri. Une grande partie de ces nymphes fe file des coques d’un tiffu foyeux & ferré , qui les garantit du froid Ôc des périls qui les environnent , ôc d’autres fe logent dans la terre , où après avoir pratiqué un efpace aflez fpacieux pour y être à l’aife y elles le tapilTent d’un tilfu de foye J fouventüne & délicate , qui empêche l’inté¬ rieur de leur habitation de les blefler pendant leur méta- morphofe ^ ôc en même tems fondent ces mêmes parois , qui fans cette précaution pourroient s’écrouler. Nous voyons des exemples de ces coques dans les vers à foye > plufieurs efpéces de phalènes , les ichneumons ôc d’autres infeêles , ôc quant aux coques que les infeêles pratiquent dans la terre ou dans le fable , nous. en avons une infinité d’exemples y que nous fourniffent les infeêles à étuis les mouches à fcie y pluheurs efpéces de phalènes y le four¬ milion ôc grand nombre d’infeêles dilférens. Les larves de tous les infeêleSjavant que de fe transformer en nymphes, fient ces coques où elles doivent enfuite achever leurs métamorphofes : la nature les a pour cet effet pourvûes d^un réfervoir de matière femblable à un verni des plus fecs ôc des plus beaux , qui fait la fubftance de leur fil. Pour le mettre en œuvre y elles ont à la levre inférieure de leur bouche une petite ouverture, une filiere, par où fort cette matière qui fe féche aifément, ôc qu’elles conduifent de côté ôc d’autre , pour en former un tiffu ferme ôc ferré.’ Mais il y a d’autres coques beaucoup plus fingulieres : ces dernieres ne font point filées , elles ne font point compo- fées comme les autres , d’un tiffu foyeux , c’eft la peau même de l’infeêle qui les forme en fe durciffant. Lorfque les autres larves veulent fe transformer en nymphes , elles quittent leur derniere peau , fous laquelle la nymphe efl cachée : celles-ci ne quittent point leur peau , elles en .débarraffent leurs différentes- parties , mais refient dedans •Cpmme dans un fac , ^ pçu près comme une pe^fonne qui
retirerolt
desInsectes. 5^
Tetireroit Tes bras de ceux d’une large robe de chambre & ‘refteroit enveloppée deflbus. Cette peau , dont tous les membres font dégagés , fe durcit & prend fouvent des 'formes afiez fingulieres , fuivant les différens infedes ; mais quelque forme qu’elle prenne ^ elle efl: dure ôc a toute la conliftance d’une coque. Si on ouvre cette coque , on trouve en dedans une nymphe ou chryfalide de la fécondé efpéce y de celles où toutes les parties de l’infeûe fe peuvent reconnoître ; c’eft de cette maniéré que la plupart des mouches & quelques-autres infedles à deux ailes fe métamorphofent. On obferve aufll de femblabies coques dans quelques infedtes à étuis : différentes efpéces de charanfons ôc de chryfomeles en fourniffent des exem¬ ples. Nous ne finirions pas , fi nous voulions entrer dans' le détail de toutes les particularités qui fe rencontrent dans les nymphes des infedtes. Nous réfervons cet examen pour 'les articles particuliers de chaque genre, ôc nous n’ajoute¬ rons plus ici qu’un feul mot fur les fligmates.
En parlant des larves , nous avons expli'qué ce que l’on entendoit par les fligmates : ces parties fe trouvent fur les nymphes comme fur les larves. Ces nymphes fouvent immobiles , qui la plupart n’ont pas befoin de prendre de nourriture , ces corps qu’on auroit fouvent peine à pren¬ dre pour des êtres animés , ne peuvent fe paffer d’air : leurs fligmates , par lefquels elles le refpirent , font fou¬ vent placés à peu près comme dans la larve , le long des anneaux du ventre : mais quant à ceux du corcelet , ôc même quant aux deux derniers fligmates du ventre , il y a fouvent des fingularités qui rendent la figure ôc la polition des fligmates de la nymphe , bien différentes de ce qu’elles font dans la larve ôc dans l’animal parfait. Souvent les fligmates du corcelet , au lieu d%re à fleur de la peau , à laquelle ils aboutiffent , fe terminent à de petites éléva¬ tions , à de petites cornes qui font pofées au haut de la nymphe, ôc lui donnent une figure fmguliere. Tantôt au lieu de cornes , ce font des efpéces de petits cornets , ou
Tome I, E
54 Histoire abrogée
bien leur figure reflemble à des oreilles : il en eft de même -des deux derniers ftigmates du ventre , qui dans plufieurs infeêles fe terminent à des efpéces de cylindres , ou tuyaux allongés & prominens. Enfin quelques nymphes aquatiques , qui font celles qui fournifTent les variétés les plus fingulieres , ont au lieu de ftigmates , des efpéces d’ouies femblables à celles des poifTons , des panaches auxquelles aboutiffent les vaifleaux aeriens , ôc qu'elles font jouer prefque continuellement avec une légéreté furp tenante.
Telles font en abrégé les principales efpéces de nym¬ phes , que l’on obferve en examinant les infeêles. Ces pe¬ tits animaux reftent fous' cette fécondé forme , les uns plus de tems , les autres moins , jufqu’à ce qu’ils la quittent pour prendre celle d’infeétes parfaits , ce qui eft leur troi-, fiéme ôc dernier état , qui nous refte à examiner.
Nous avons dit que les larves , avant que de devenir nymphes , avoient acquis toute leur groffeur : il femble qu’elles devroient prendre tout de fuite la forme d’infeéles parfaits , fans paffer par l’état de nymphes. Pourquoi donc la nature les a-t-elle conduites à cet état moyen , pendant lequel le plus grand nombre des infeéles re.fte dans l’inac¬ tion , ne prend point de nourriture , ôc femble comme endormi ? Pour en concevoir la raifon , il faut remonter plus haut , ôc examiner de nouveau la larve. Cette larve qui paroît fi différente de l’infeéle qu’elle doit produire , qui fouvent eft fi lourde ôc fi péfante , tandis qu’il en doit fortir un infeéle agile ôc pourvu d’aîles , cette chenille rampante , qui doit donner naiffance à un papillon léger , n’eft que le même animal , mais caché fous plufieurs enve¬ loppes y qu’il doit dépofer fucceflivement.
Cette propofition paroîtra peut-être d’abord un para- .doxe aux perfonnes peu verfées dans l’Hiftoire Naturelle ; cependant rien de plus vrai. La larve a plufieurs peaux qu’elle dépofe l’une après l’autre , ôc fous ces peaijx eft i’infede parfait y mol à la vérité ôc non développé ; mais
DES Insectes. 5^
(dont on peut avec un peu de foin diftinguer les différentes parties. Qu’on prenne une chenille , qui ne foit pas même parvenue encore à toute fa groffeur , qu’on en diffeque avec foin ôc précaution la peau , on diftinguera déjà une partie des membres du papillon ou de la phalène , qui en doit fortir un jour. Si la chenille eft prête à fe mettre en chryfalide , qu’elle foit parvenue à fa grofféur y ces mêmes parties feront beaucoup plus diftinêles y & avec de la pa¬ tience , on pourra parvenir à tirer de l’intérieur d’une che¬ nille un papillon prefque tout formé y mais dont les parties feront molles & prefque gelatineufes. La larve n’eft donc point un infeête différent de celui qui en doit un jour fortir dans toute fa perfeêtion , c’eft précifément le même infeête jeune y mol y prefque fluide qui fe trouve enveloppé de plufieurs peaux y qui le cachent à nos yeux 6c lui donnent une figure différente. Il eli dans ce premier état mafqué , c’eft pour cela qu’on lui donne le nom de /an^e. Lorfqu’il a quitté les différentes peaux dont il étoit couvert y lorf¬ qu’il eft parvenu à fa grandeur y ôc qu’il ne lui refte plus que fa derniere enveloppe , il s’en débarraffe ôc paroît fous la forme de nymphe ;'ia nymphe n’eft donc autre chofe que l’infeêle parfait parvenu à fa grandeur y mais encore trop mol , ôc dont toutes les parties ont befoin de prendre de la confiftance : c’eft ce qui leur arrive pendant ce fécond état : au lieu des peaux dont l’infede étoit recouvert fous fa forme de larve , il ne lui refte plus qu’une membrane y qui fouvcnt prend une confiftance affez ferme , ôc qui s’in- troduifant entre les différentes parties de l’infeéle y les tient emmaillottées ôc couchées le long de fon ventre : c’eft fous cette membrane que tous les membres de l’infeête fe durciffent ôc fe fortifient. Qu’on prenne une nymphe nouvellement formée , il n’eft pas difficile de diftinguer les antennes , les pattes , les aîîes ôc prefque tout le corps de l’infeêle ; mais fi on veut le développer y il eft fi mol qu’oif a beaucoup de peine à y parvenir. Au bout de quel¬ que tems y fl on examine une femblable chryfalide y on
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5^ Histoire ABRfcéE
trouve rinfede presque parvenu à fa perfe£lion : l’dtat de nymphe eft donc néceflaire^aux infedles pour acquérir la fermeté & la confiftance de toutes leurs parties , qui fous les’ enveloppes de la larve exifloient déjà , mais fous une^ forme prefque fluide. Lorfqu’une fois ces memes parties, ont acquis toute la force nécelTaire , pour lors l’infedie ne demande qu'à fe débarrafler de la membrane extérieure qui le tenoit enveloppé fous la forme de nymphe ^ ôc il le fait à peu près de la même maniéré dont il a fubi fa pre¬ mière rnétamorphofe : il enfle ôt défenfie fucceilivement fon corcelet & fa tête , qui font encore aflez mois pour fe prêter à cette atlion ^ ôc parvient à faire éclater en pièce la membrane extérieure de fa nymphe , que l’air a rendu féche ôc caflante ; fouvent même cette membrane dans plufleurs infeêles , a dans fa partie fupérieure deux efpéces de rainures , une de chaque cô^^ où la peau eft plus ten¬ dre ôc plus mince , enforte que la membrane de la nymphe fe déchire aifément en cet endroit. Ce premier ouvrage fait 5 i’infeêle s’aide de fes pattes qui font libres ôc déga¬ gées , ôc tire aifément le relie de fon corps de fon enve¬ loppe de nymphe, comme d’un fourreau. Lorfque l’infeêle vient de forcir de cette prifen , fes parties font encore un peu molalfes , fes couleurs peu vives , ôc fouvent fes ailes font comme chiffonnées : il paroît même plus gros qu’il ne fera par la fuite , mais au bout de quelque tems , l’air extérieur fortifie & durcit tous fes membres , fon corps en acquérant plus de confiftance , diminue de volume , Ôc fes ailes en quelques minutes fe déployent ôc fe développent:- bientôt il prend fon effort ôc devient habitant d’un élé¬ ment , qui jufques-là lui étoit inconnu.
Ce développement fi pro.mpt des ailes de l’infetle , qui au fortir de la nymphe étoient épailfes , humides ôc comme chiffonnées , paroit d’abord étonnant à un obfervateiir qui le fuit ôc l’examine. Un pareil développement n’eft cepen¬ dant dû qu’à l’air. Tandis que l’air extérieur féche le^ fur- faces de l’aile de l’infede , l’air intérieur pouffé parles tra-
'DES -I-N S E C T E S. ■ ■ 57
chées qui rampent dans le tilTu de cette même aile , l’êtend confidërablement ^ & lorfqu’une fois elle s’eft tout -à- fait étendue ? les pellicules minces dont elle eft formée , fe trouvant féclies ^ ne fe pliffent plus & refient dans le même état. Cette aêlion de l’air u:ktérieur des trachées eh prouvée par l’accident que nous avons dit arriver quelquefois à des ailes d’infeêtes , qui rehent bourfoufrlées ôc véritablement emphyfématiques , lorfque l’air intérieur s’épanche entre les deux lames de ces ailes.
Par tout ce que nous venons de dire ^ on voit que l’in* feête parfait ^ avant que de parvenir à ce dernier état de perfeâion , doit pàffer par plufieurs opeTations difficiles ôc laborieufes , dans lefquelles il lui arrive quelquefois de périr : ce font pour lui' autant d’états de foulfrances & de maladies quoique naturelles. Quelques infeêles ont cepen¬ dant encore un travail de plus à'foutenir j ce -font ceux dont les chryfalides font renfermées dâns'dqs coques -;- ib faut qu’ils percent ces coques., lorfqu’ils font fortis , ou lorfqu’ils fortent de leurs nymphes. Ce dernier ouvrage ne paroît pas difficile pour les ihlecles qui ont des mâchoires dures ôc aigues. Ces mâchoires qui fouvent taillent , cou¬ pent ôc 'déchircnti leffiois , -peuvent aifément percer un tiffu de fils foyeux : mais if y a quelques infeôtes qui n’ont point de pareilles mâchoires, ôc. qui font renfermés dans des coques ; auffi la nature leur a-t-elle facilité leur ouvra*
J. '
ge. Un des bouts de leur coque eh foible , fouvent même ce bout rehe ouvert ôc feulement dos par des fils placés" en longueur , dont les bouts fe touchant', empêchent bieii l’entrée de la coque aux autres infeôfes , mais permettent à celui qui y eh renfermé , de fortir aifément : en forçant légèrement avec fa tête , il fait écarter ces fis les uns des autres , ôc fe procure une iffue très-facile.
. Telles font en général les principales circonhanceS qu’on obferve dans les. changemens des infeâes , depuis leur ft)rtie de l’œuf, jufqu’à 'leur état de perfeêfion. On voit par ce détail abrégé , que ces prétendues métamor-
38 Histoire abrégée
phofes ne font qu’un développement fucceflif , qui nous fait voir l’iiifeéle fous des formes différentes. Ce dévelop¬ pement offre fouvent une infinité de manœuvres fîngulie- res , différentes fuivant les différentes efpéces de ces ani¬ maux. Nous en détaillerons plufieurs , en traitant chaque’ genre en particulier , & nous le ferons d’autant plus volon¬ tiers , que ce détail amufant fera voir la grandeur ôc la fa- geffe du Créateur dans fes plus petits ouvrages.
CHAPITRE IV.
De la nourriture des Infectes,
D ES trois régnés fous lefquels font renfermés tous les corps naturels , il n’y en a que deux ^ le régné végétal & le régné animal , qui contiennent une matière propre à fervir de nourriture. Quant aux minéraux j ces corps font trop fecs , ôc manquent prefqu’entiérement de cette partie mu- cilagineufe y qui feule eft capable ^ après une préparation préliminaire , de s’identifier , pour ainfi dire , avec les fibres du corps : les infedes par rapport à cet article , font dans le même cas que les autres animaux : ils fe nourriffent ou de plantes j ou de parties d’animaux , foit de leur claffe , foit de claffes différentes.
Parmi ceux qui tirent leur nourriture du régné végétal / les uns s’enfonçant dans la terre ^ rongent ôc mangent les racines , ôc font fouvent un tort confidérable aux jardins : c’eft ainfi que la larve des hannetons , que les Jardiniers connoiffent fous le nom de vers blanc , parvient fouvent à détruire en peu de tems un potager entier , lorfque ces in- feêles font nombreux : il en eft de même du taupe grillon ^ ou courtilliere , qui porte un préjudice confidérable aux coucheSjôc d’un nombre infini d’autres infectes. La nour¬ riture de quelques autres eft encore plus féche Ôc plus
DES Insectes. 5P
dure ; ils percent le bois , le réduifent en poullîere & fe nourrlffent de fes parcelles ; c’eft ce que font plufieurs larves d’infedles à étuis , & particuliérement de ces vrzV- /ettâs y qui rongent jufqu’aux tables des maifons ^ & les différens meubles de bois qu’ils convertiflent en poudre : c^eft encore de cette maniéré que les larves des capricor^ ms Ôc la chenille d’une certaine phalène y que quelques Auteurs nomment le cojfus y détruifent ôc attaquent les arbres : les faules fur-tout font fujets à être ainfî dévorés dans leur intérieur par un nombre prefqu’infini d^infeêtes. D autres fe nourrilTent de parties plus délicates: les feuilles des plantes ôc des arbres font leur nourriture ordinaire : de ce nombre font les chenilles ôc beaucoup d’autres infeêles, mais tous n’attaquent pas les feuilles de la même maniéré ; les uns rongent toute leur fubflance , d’autres fe conten¬ tent du parenchyme de la feuille contenu entre fes mem¬ branes , entre lefquelles ils fe logent , formant ainfi dans l’intérieur de cette feuille des fentiers ôc des galleries ; fouvent ces mêmes infeêles ne fe contentent pas des feuil¬ les , les fleurs leur offrent un met encore plus délicat qu’ils n’ont garde d’épargner. On ne fçait que trop , com¬ bien les jardins ont fouvent à fouffrir de la part de ces pe¬ tits animaux ; mais toutes ces différentes fortes de nourri¬ tures paroiffent encore trop groflieres à quelques-uns , il leur faut une matière plus douce , qui fe trouve fur les fleurs : c’efl cette liqueur mielleufe y que fourniflent les glandes de plufieurs fleurs, ôc que les Botanifles modernes ont décorée du nom de neêlar. La plupart des papillons ôc des phalènes y plufieurs efpéces de mouches ôc d’autres infedes fe nourriffent de ce nedar , ôc quelques-uns, comme les abeilles ôc d’autres genres approchans , en compofent la fubflance du miel , après lui avoir fait fubir une derniere préparation dans leur corps. Enfin les fruits , les graines , le bled niême ne font point à l’abri des infec¬ tes ; ilg partagent avec nous ces différens alimens , ôc fou- vent nous en enlevent une grande partie. On trouve tous
4Ô H I s T O I R E A B R é G é E
les jours des larves de mouches ôc d’autres infe^les dans les poires , les prynes , les bigarreaux ôc d’autres fruits ; les greniers font infedés par pluiieurs efpéces de charanlons., qui fe logent dans l’intérieur du grain ôc en mangent la farine, ôc les différentes graines renferment fou vent des infetles qui les rongent.
11 n’y a donc aucune partie des plantes , qui ne ferve d,e nourriture à différons infedes , Ôc prefque toutes les plan¬ tes font attaquées par quelques efpéces. Cependant tous les infedes ne fe nourrilfent pas indifféremment de toutes les plantes. Il y a bien quelques infedes plus voraces que les autres , auxquels toutes fortes de plantes font prefqu’é- galement bonnés. Quelques efpéces de chenilles , ÔC parmi les infedes à étuis , quelques fcarabés, le hanneton, par exemple , défolènt prefque tous les arbres indifférem¬ ment : d’autres efpéces , fans attaquer toutes les plantes , s’accommodent de plufieurs ; mais un grand nombre d’in- fedes ne fe nourriffent que d’une efpéce de plante , ou tout au plus de quelques autres qui en approchent : c’efl fur ces mêmes plantes qu’on trouve toujours ces animaux , ôc on' a'beau leur en préfenter d’autres , quoique preffés de la faim , ils n’y toucheront pas. Souvent la même plante fert de nourriture à plufieurs efpéces ; les chênes ôc les faules -font particuliérement de ce nombre ; il y a peu d arbres fur lefqùels on trouve autant d infedes différens ôc en aufîi grand nombre. C’efl: ce que l’on pourra reinarquer, lorfque nous traiterons des infedes en particulier, ôc que nous aver¬ tirons des plantes ou autres endroits où l’on peut ordinai¬ rement trouver chaque efpéce.
Le régné végétal , n’efl: pas le feul , comme nous l’avons déjà dit , qui fourniffe aux infedes les alimens qui leur font convenables. Un grand nombre de ces petits animaux rejette une pareille nourriture ; çeux-ci plus carnaffiers > recherchent des fubflances tirées du régné animal : plu- feurs n’attaquent ôc ne dévorent que les animaux mWts & ^dont les chairs commencent déjà à fermenter. Ces fubftan-
ces
DES Insectes; '4 ï
ces înre£les font ordinairement remplies de differentes larves de mouches & d’infeftes à éti^s , qui par leurs excrémens ôc Thumidité qu’elles communiquent y accélè¬ rent encore la pourriture. D’autres infeéles plus fales fe plaifent dans des matières beaucoup plus dégoûtantes ; les excrémens des animaux Ôc même de l’homme font leur domicile ordinaire. Une nourriture qui femble fi rébutan¬ te ) fait Faliment de plufieurs belles mouches , d’un très- grand nombre d’infedes à étuîs y comme le pillulaire , les bouziers ôc beaucoup d’autres. Il eft peu de matières aufîi peuplées de ces animaux y que les bouzes de vaches ; elles en fourmillent , Ôc une feule de ces bouzes devient une efpéce de tréfor pour un Naturalifte curieux ôc qui n’cft pas trop dégoûté.
Les poils , les plumes , les peaux de différens animaux ^ font la pâture d’autres efpéces dhnfedes. On fçait combien les pelleteries font endommagées par ces petits ennemis î différentes teignes en particulier ôc quelques dermeftes les attaquent^ ainfi que les étoffes de laine ; fans qu’on puiffe les mettre à l’abri de leurs dents.
Mais tous ces infeêles , quoique nuifibles y ne fe nour- riffent que de parties d’animaux , qui ne font point vivans ; moins cruels ôc moins voraces que certaines efpéces y qui tirent leur nourriture des fucs d’animaux en vie. L’homme même n’eft pas exempt de leurs atteintes. On connoît affez les différentes vermines qui s’attachent ordinairement à lui.^’ autres efpéces fatiguent également les différens ani¬ maux y tant grands que petits : les infeêles ont eux-mêmes leurs poux qui les dévorent y tandis qu’ils en déchirent d’autres. Quelques-uns , comme les taons y les œhres , s’inferent fous la peau des bœufs ôc des cerfs , ôc y font une efpéce d’ulcere où ils fe logent ; d’autres vont pénétrer dans le nez des moutons ôc dans l’anus des chevaux qu’ils mettent fouvent en fureur y c’eft-là que ces infectes pom¬ pent à leur aife les humeurs du grand animal dont ils fe jiourriffent : d’autres infeêtes plus petits font le même ma- Tome 1, F
'42 Histoire ABRÉcéE
nege fur des infectes plus grands. Les chenilles font fujet- tes à être piquées par des ichneumons qui dépofent leurs œufs fous leur peau : la larve naifl'ante de ces ichneumons dévore intérieurement la chenille , qui fouvent ne périt , que lorfqu’une multitude étonnante de ces larves la perce de tous côtés , pour faire enfuite leurs coques.
Enfin beaucoup ddnfeêtes carnafliers ne vivent que d’autres infeêtes ; ils fe dévorent les uns les autres , n’épar¬ gnant pas même ceux de leur propre efpéce : le nombre de ces derniers eft très-confidérable , comme on le verra dans le détail particulier. C’eft parmi ces infeêles qu’on voit le plus de rufes & d’induftrie , foit pour attaquer , foit pour le défendre. Quelques-uns à la vérité y vont de vive force , mais pluheurs autres employent l’adreffe pour fupplécr à la force qui leur manque. Tout le monde a pu obferver avec admiration les filets que les araignées tendent aux mou¬ ches : beaucoup de^ perfonnes connoiffent aujourd’hui le fourmilion , & les embufcades qu’il tend aux fourmis ^ caché au fond d’un cône qu’il a pratiqué avec beaucoup de travail dans le fable : plufieurs* autres infedes n’em- ployent pas moins d’art pour faire tomber dans leurs pièges la proie que la nature leur a deftiîiée. Ces différen¬ tes rufes ne font pas une partie des moins intéreffantcs de l’Hiftoire des Infeêles.
Nous n’entrerons pas aêluellement dans un plus grand détail , par rapport à cet article ; nous nous contenterons feulement de remarquer , avant que de finir ^ que les irtfec- tes ne reftent pas toujours conftamment attachés à la même nourriture pendant toute leur vie. Souvent leurs goûts changent fuivant les différens états par lefquels ils paffent : les mouches , qui dans leur état de perfeêtion , fe nourrif- fent la plupart de fucre ôc du neêtar des plantes 3 ont vécu d’abord de chair pourrie ôc corrompue , lorfqu’elles étoient fous la forme de larves. Les chenilles rongent les plantes , ôc les papillons qui en proviennent ^'fucceift feu¬ lement les fleurs : il en eft de meme de beaucoup d’au-
DES Insectes; 45
très infecles , qui en changeant d’état 5 changent aufli de nourriture y comme quelques-uns changent d’élément.
> . .
CHAPITRE y.
Divijion des Infectes en fections,
A PRÉS avoir examiné les infeétes & leurs différentes
Î lardes , & les avoir fuivis depuis leur naiffance jufqu’à eur état de perfeétion , il ne nous refte plus^ pour terminer ce que nous avons à donner de général fur ces animaux , qu’à les ranger par leurs caraderes , fuivant un ordre & un fyflême méthodique : c’eft le feul moyen de faciliter la connoiffance de cette partie de PHiftoire Naturelle.
Toute cette claffe des infeéles peut être divifée en fix: grandes & principales ferions , dont les caraêleres font principalement tirés des ailes.
La première renferme tous les coleopteres ou infeêles à étuis. Ce font ceux dont les ailes font recouvertes d’efpé- ces de fourreaux ,*ou étuis plus ou moins durs : le hanne¬ ton y par exemple , les fcarabés font de cette première feêtion. Un de leurs caraêleres , outre les étuis de leurs ailes , eil: d’avoir leur bouche armée de mâchoires dures ôc aigues.
La fécondé feêdon comprend les hemipteres ou infeêles à demi étuis. Nous avons confervé ce nom à cette feêlion , parce que ces infettes n’ont pas tout-à-fait des étuis comme dans la fedion précédente y mais quelque chofe qui en approche. Dans les uns , comme dans les procigales y les ailes fupérieures font plus épaiffes & fouvent colorées comme des étuis ; dans d’autres comme dans les punaifes de bois , la moitié inférieure des ailes de deffus eft mem- brane^fe & tranfparente comme une véritable aîle^ tandis que la moitié fupérieure elt dure ; épaiffe y colorée ; fem-
44 Histoire ABRéoéE
blable à un véritable étui : mais le caradere efTentiel de cette fedion^confifte dans la trompe longue & aigue de la bouche , qui eft repliée en delTous , s’étend entre les pat¬ tes ) ôc fouvent même part de l’intervalle qui fe trouve entre ces mêmes pattes , au lieu de prendre naiflance de l’extrémité de la tête.
Dans la troifiéme fedion , font tous les infedes tetrap^ teres à ailes faruienfes , oU les infedes à quatre ailes cou¬ vertes de cette pouiTiere écailleufe qu’on apper^^oit fur les ailes des papillons : cette fedion eft la moins nombreufe j ies infedes qu’elle renferme ont une trompe plus ou moins longue , fouvent recourbée en fpirale.
Nous renfermons dans la quatrième fedion , tous les tetrapteres ou infedes à quatre ailes. nues. Celle-ci eft une des plus nombreufes : la plupart des infedes qu’elle con¬ tient ont la bouche armée de mâchoires 5 plus grandes dans les uns , plus petites dans les autres ôc, ordinairement accompagnées dans ces derniers d’appendices femblables à des antennules ; les demoifelles ^ les abeilles , les guef- pes , ôcc. font de cette fedion.
La cinquième eft compofée des dipteres , ou infedes qui n’ont que, deux ailes j tels que les mouches , les taons , ies tipules ^ les coufins , ôcc. Tous ces infedes ont à la bouche des trompes diverfement figurées y fuivant les différens genres : tous ont aufîi un caradere efTentiel ôc particulier à cette feule fedion ; c’eft d’avoir fous l’origine de leurs ailes , les petits balanciers dont nous avons parlé dans le premier chapitre.
Enfin nous avons rangé fous la fixiéme ôc derniere fec- tion , tous les infedes apteres ^ ou fans ailes : les araignées, les fcolopendres , la puce , le poux , ôcc. y trouvent leur place.
Telles font lés fix grandes ferions qui compofent toute la clafTe des infedes ; mais comme quelques-unes de ces fedions font très - nombreufes , pour faciliter la recherche .des infedes qu’elles ïer^eçment ^ nous les ay;ons fous-
DES Insectes. 1^5*
divîfées en plufieurs articles & en différens ordres fubor- donnés à ces articles : c’efi; ce que l’on verra à la tête de chaque feêtion ; fous ces' articles & ces ordres ^ feront renfermés les genres.
Aêluellement ^ avant que d’entrer dans le détail de chaque feclion y nous allons réunir dans une feule Table générale les fix grandes feêliçns qui compofent toute la ' claffe des infeêtes. •
T
Histoire abrogée
4(^
TABLE GÉNÉRALE
DES SECTIONS dont ejl compoféc la clajje des Infeâes.
1°. ES COLEOPTERES OU infkcles a étuis»
Cara^ere .. .Ailes couvertes d’étuis ou de fourreaux bouche armée de mâchoires dures.
2°. Les HEMIPTERES OU injectes cl demi étuis,
CaraBcrc . . . Ailes fupérieures prefque femblables à des étuis j bouche armée d’une trom¬ pe aigue , repliée eh de flous le long du corps.
5®. Les TejtraPTERES à ailes farineufes.
Caractère , , . Quatre aîles chargées de pouflîere écaiileufe.
4°. Les T ETRAPTERESa az/es nues ou infectes à quatre ailes nues,
Caraliere . Quatre aîles membraneufes nues $C fans pouflîere.
5°. Les D I PT E R E s ou infectes à deux aîles,
Caraliere,. . . Deux aîles.
îUn petit balancier fous l’origine de chaque aîle.
Les A P TE R E s ou infectes fans aîles,
Caraîlere , Corps fans aîles»
V
• rv
DES Insectes.
47
SECTIONES GENERALES SEX
ex quibus confiai Infeâloruin clajjis.
Infedla,
;i°. C OLEOPTERA.
H E M I P T E R A.
5®. Tetraptera alis fa- rinaceis.
Tetraptera alis mi¬ dis.
5°. D I P T E R a;
Aptera.
»
. CaraSleres,
Alæ coleoptris feu elytris tec- tæ ; os maxillofum.
Alæ fuperiores elytris acce- dentes J os fub thorace inflexum.
Alæ quatuor fquammulis teélæ.
Alæ quatuor nudæ , membra- naceæ.
Alæ duæ.
Haltères fub alarum origine;
Alæ nullæ;
5r
m
é-
Histoire abrïgé.e
4 S
SECTION PREMIERE-
Infectes à étuis , ou Coleopteres*
T J E S infe£les à étuis , ou infeéles coleopteres j coleopté^ ra infecta^ forment notre première feélion. Nous donnons ce nom aux infeéles qui ont leurs ailes recouvertes d’efpé- ces d’étuls ou de fourreaux , fouvent durs ^ colorés ôc opaques. Tel eft ^ par exemple , le hanneton que tout le monde connoît , dont les ailes font cachées fous de pareils fourreaux. La plupart des Auteurs ont donné à ces infeéles le. nom de fcarabés , mais comme ce nom a été appliqué plus particuliérement à un des genres de cette feétion , nous croyons que celui d’infeéles à étuis eft plus naturel ôc plus convenable.
Le caractère propre de cette feélion , eft donc d’avoir des , étuis ou efpéces d’écailles , qui recouvrent le corps de l’injfeé^e ^ & fous lefquels on trouve ordinairement deux ailes : je dis ordinairement , car il y a quelques genres .ôc même quelques efpéces particulières de certains genres ,qui n’ont point d’ailes fous ces étuis. Qu’on prenne un hanneton ordinaire , qu’on enleve ces deux étuis durs qui recouvrent fon ventre ,, on trouvera en deffous deux gran- ,des ailes tranfparentes plus longues que les étuis ôc que le corps de l’inlééle ^ mais qui fe replient en delTous au moyen des nervures fortes qui les font agir. L’infeéledorf- ,qu’il veut voler , déployé ces ailes ôc releve les étuis ^ ôc lorfqu’il veut fe pofer ôc s’arrêter quelque part , il les replie ôc les fait rentrer aifément fous leurs fourreaux. On peut obferver la même chofe dans un très -grand nombre d’infecles de cette fedipn : mais il en eft d’autres, tels, par exemple , que ces bupreftes dorés qu’on voit courir Hans ;les champs , qui n’ont point d’ailes fous leurs étuis : qu’on
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DES Insectes; 4P
leve ces étuis , on voit les anneaux du ventre de ces infec- tes à nud. Audi ces animaux ne peuvent-ils voler , mais en récompenfe ils courent fort vite. Il eft d’autres infedes dans lefquels non-feulement les ailes manquent entière¬ ment , mais dont les deux étuis font même réunis enfem- ble ôc n’en forment qu’un feuL Ces infectes femblent à la première vûe avoir deux étuis , parce que la future formée ordinairement par la réunion des deux, fe trouve marquée Sc exprimée fur le milieu de ce feul étui , mais fi on l’exa¬ mine de près , on voit qu’il ell d’une feule pièce. Plufieurs même d’entr’eux ont cet étui unique tellement conftruit , qu’il eft tout à-fait immobile ; fes côtés font recourbés ôc enveloppent une partie du defîbus du corps : c’eft ce que l’on peut voir aifément dans certaines efpéces de cha- renfons , dans une efpéce de chryfomele ôc dans quelques ténébrions. Ainfi il n’eft point eftentiel aux infeêtes à étuis d’avoir des ailes , quoique la plupart en foient pourvus , ni d’avoir deux étuis , ou un feul qui paroifle en former deux,- à caufe de la raie qui fe trouve au milieu. Leur caraêlere eft d’avoir des étuis qui recouvrent le ventre ôc qui diffé¬ rent des ailes par la dureté de leur confiftance. Tel eft la marque caraêlériftique de toute la feêtion. On peut ajou¬ ter à ce premier caraêtere un deuxième , qui quoiqu’accef- foire , n’eft pas moins confiant. Ce font les mâchoires laté¬ rales dures ôc d’une confiftance approchant de celle de la corne , qui garniffent à droite ôc à gauche la bouche de ces infeâes.
Mais comme les étuis varient entr’eux par leur grandeur ôc par le plus ou moins de dureté , nous en avons tiré des caractères fecondaires pour divifer cette feêlion en trois articles. Le article comprend tous les infeêleS'
dont les étuis font durs , écailleux ôc couvrent tout le ventre. Le hanneton fe trouve dans cet article : les four¬ reaux de fes ailes s’étendent depuis fon corcelet jufqu à l’extréunité de fon ventre ôc le recouvrent entièrement > ôc de plus ces étuis font durs , écailleux , épais ôc d’une ,
Tome L G
Histoire abrégée matière femblable à la corne. Les infeûes contenus dans le fécond article ont pareillement des étuis durs & écail¬ leux 5 mais ces étuis ne couvrent qu’une partie de la lon¬ gueur du ventre , dans les uns la moitié , dans d’autres en¬ core moins , comme on le voit dans le ftaphylin , dont les étuis font extrêmement courts. Enfin nous avons rangé fous le troijiéme article, les infeéles dont les étuis font mois ôc prefque membraneux , tels que- les blattes , les faute- relles , ôcc. mais il eft bon de remarquer que quoique ces étuis ne foient point durs & écailleux comme ceux des iii- fedes dont nous avons parlé ci-deffus , ils font néanmoins plus durs , plus épais & moins tranfparens que les ailes , ce qui fait ranger ces infedes dans cette fedion , ôc non point dans celle des infedes à quatre ailes nues ou décou^ vertes. Que l’on examine une fauterelle , on verra deux- longs étuis étroits , mois , prefque membraneux , mais colorés ôc plus épais que les ailes qu’ils recouvrent : de plus ces ailes font grandes ôc repliées en tout ou en partie îbus ces étuis.
Tel eft l’ordre que nous avons fuivi pour la divifion principale de cette première fedion : mais comme les in- îedes qu^elle renferme font en très-grand nombre , nous avons cherché des caraderes qui pulTent former une fé¬ condé fous-divifion de ces mêmes infedes, ôc divifer cha¬ que article en plufieurs ordres avant que de paffer aux- genres. Ces caraderes demandoientàêtre tirés de quelque partie fenftble ôc confiante , qui fût aufti aifée à être apper- çue,que la grandeur ôc la conîiftance des étuis ; c’eft ce que nous ont fourni les pattes de ces mêmes infedes. Nous avons dit plus haut que les pattes étoient compofées de trois parties ; la première qui tient au corps de l’infcde ôc qui eft la cuifle , la fécondé que nous avons appellée la jambe , ôc la troifiéme qui eft le pied ou le tarfe & qui eft elle-même compofée de plufieurs petits anneaux. C’eft du nombre de ces anneaux que nous avons formé les cârade- res de ces fous-divifions , ou de ces ordres qui font fubr
DES Insectes." $i
ordonnées à chaque article. Ce nombre des articulations du pied n’eft pas le même dans tous les infeêles à étuis : les uns en ont trois , d’autres quatre , beaucoup en ont cinq à toutes les jattes , enfin quelques-uns n’en ont pas le même nombre a toutes les paires de pattes : de leurs fix pattes , les quatre premières , ou les deux premières paires ont cinq divifions aux tarfes ou aux pieds , tandis que les deux dernieres pattes n’en ont que quatre. De pareils caraêteres font aifés à appercevoir , il ne s’agit que de compter , & il eft pour lors aifé de ranger les infeêtes que l’on trouve, dans leur ordre naturel : il ne refte plus à troU’*. ver dans cet ordre que le genre auquel ils appartiennent* C’eft ce que l’on fait, en examinant enfuite le caraêlere gé-, nérique qui eft toujours tiré ^ ou des antennes feules , ou des antennes ôc de quelqu’autre partie caraêlériftique , telle qu’eft fouvent le corcelet : par ce moyen on vient à bout de connoître le genre de l’infeêle que l’on cherche , ôc il ne refte plus qu’à examiner les différentes efpéces de ce genre , pour trouver à laquelle fe rapporte l’infeête que l’on tient.
Pour fentîr toute la facilité que donne cette méthode , donnons-en un exemple. Prenons fi l’on veut un charan- fon. Je ne connois point cet infeêle : je commence par examiner s’il a des ailes nues ou recouvertes par des étuis ; cette première différence fe fait aifément appercevoir , ÔC les fourreaux des ailes me font d’abord ranger le charanfon dans la première feêlion parmi les infeêles à étuis : pour lors j’examine fi ces étuis font durs ou mois , s’ils recou¬ vrent tout le ventre , ou feulement une partie. Je vois qu’ils font extrêmement durs ôc écailleux , ôc qu’ils cou-* vrent entièrement le ventre. Je range cet infeête parmi les infeêles à étuis qui compofent le premier article de cette feêlion ôc qui ont leurs fourreaux tels que nous venons de les dépeindre ; enfuite , pour trouver dans quel ordre de cet article je dois ranger le charanfon , j’examine de com¬ bien d’articulations eft conipofé le pied de cet infeêle , s’il
ÿ2 Histoire ABRécéE
en a trois , ou quatre , ou cinq , ou bien fi le nombre varie dans les différentes paires de pattes. Je vois que cet in- feéle a par-tout quatre divifions aux tarfes , ce qui me fait ranger ce petit animal dans le fécond ordre du premier article des infeéles à étuis. Refte à trouver à quel genre de cet ordre il appartient. J'ai à chercher parmi une vingtaine de genres le caratlere générique : j'examine en même tems les antennes de l’infeéle ; ces antennes font pofées fur une longue trompe^ plus greffes à leur extrémité ôc coudées dans leur milieu. Ce caractère que je trouve attri¬ bué au charanfon me détermine le genre de finfeéte. Cette gradation par laquelle je fuis parvenu à le connoî- tre^m’a épargné la peine de chercher parmi tous les autres ordres & les autres genres des infeétes en général ôc des ii> ^eétes à étuis en particulier , ôc m’a conduit à examiner feu- ' lement les caraéteres génériques d’un très-petit nombre de genres : pour lors l’efpéce fe peut trouver aifément en confrontant l’infeéte avec les phrafes Ôc les deferiptions des différentes efpéces de ce genre. Je me fuis étendu un peu au long fur cette partie de notre méthode à la tête de cette première feêlion , tant afin de n’avoir pas à y revenir en parlant des fetlions fuivantes , que parce que celle - ci qui comprend les infeêles à étuis , eft une des plus nombreufes à nous a obligé de former plus de divi- iions ôc de fous -divifions pour y mettre plus d’ordre ôc de méthode.
Examinons maintenant en général les infeôles à étuis , ôC voyons en peu de mots ce qui eft commun à tous les infec¬ tes de cette feélion. D’abord quant à leur forme , tous ces infeêtes ont leur corps dur ôc couvert d’une efpéce de cui- raffe femblable à de la corne pour la confiftance. Cette enveloppe fî ferme des infeêtes à étuis femble tenir lieu des os qui foutiennent la charpente des grands animaux ; mais au lieu que les os font dans l’intérieur , ici c’eft la peau , fécaille extérieure de l’infedle qui en fait ftdffice : elle foutient tout fon corps ; c’eft à elle que vont s'attacher
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D E s I N s E C T E s. 5*5
les principes des mufcles , par l’adion defquels 11 exécute fes diiFérens mouvemens , & en même tems cette efpéce de peau ofleufe le met à l’abri d’un grand nombre d’acci- dens. C’eft une cuiralTe qui lui fert à parer les coups qu’il pourroit recevoir : elle recouvre également les trois parties dont font compofés tous les infedes à étuis y fçavoir la tête , le corcelet ôc le ventre.
La première de ces parties eft ordinairement la plus _ petite. On y remarque premièrement les antennes , com- pofées dans la plupart des infedes à étuis, de onze anneaux, rarement de moins y & dans quelques-uns d’un plus grand nombre : le premier anneau de ces antennes , celui qui tient à la tête,eft ordinairement plus gros & même fouvent plus long que les autres , ôc le fécond qui fuit immédiate¬ ment ce premier , eft le plus court de tous. La pofition de ces antennes n’eft pas la même dans tous les genres. Quelques infedes , comme les fcarabés , les portent en devant & un peu au-déffous des yeux ; d’autres les ont prefque fur le’fommet de la tête entre les deux yeux ; quelques-uns les ont pofées plus finguliérement , les an¬ tennes de ces infedes femblent partir du milieu de l’œil : celui-ci, au lieu d’être ovaIe,forme une efpéce de croiflant, qui enveloppe ôc entoure l’origine de l’antenne. Nous examinerons dans chaque genre en particulier ces diffé¬ rentes pofitions des antennes , ainfi que leur figure.
La bouche de ces infedes eft armée de deux mâchoires dures , une à droite , Fautre à gauche : elles fe recourbent en demi cercle , fe terminent en pointe fouvent très-aigue , & leur côté intérieur eft fouvent armé de quelques dente¬ lures plus ou moins fortes. Entre ces mâchoires , font quelques mamelons qui entourent l’ouverture de la bou¬ che de l’infede , ôc fort fouvent , il y a au-deffus ôc au- deffc^us de ces mamelons , des efpéces de levres dures, placées aufti entre les mâchoires : enfin au-deftbus de tou¬ tes cés parties de la bouche , font pofées les antennules , au nombre de quatre deux plus grandes Ôç deux plus
Histoire ÀBRécÉE petites , compofées ordinairement de trois ou quatre arti-* culations affez diftin£tes.
Quant aux yeux , ces infe£les n’ont la plupart que les deux grands yeux à refeau , dont nous avons détaillé la Itruéture , en parlant des parties des infeétes en général ; il n’y a que quelques-uns des derniers genres, dont les étuis font plus mois , tels que les fauterelles , les grillons , &c. qui ) outre ces yeux à refeau , ont encore les trois petits yeux lifles , dont nous avons aulTi parlé , ôc qui font com^ muns dans les infectes à quatre ailes Ôc à deux ailes nues. Ces derniers genres femblent faire une efpéce de nuance ou paflage de la feétion des infectes à étuis 3 aux feétions fuivantes.
• Le corcelet des infeétes à étuis , eft de toutes leurs par-* ties celle qui femble la moins à remarquer : il n’elt com- pofé que d’une efpéce d’anneau écailleux 3 d’une feule pièce dure ôc entière 3 fur laquelle on .apperçoit deux îligmates , un de chaque côté. Mais ce même corcelet varie beaucoup quant à fa forme ; dans les uns il eft large j dans d’autres il eft plus long : fouvent toute fa partie fupé- rieure eft bordée par une efpéce de repli , il a un rebord qui forme comme une goutiere , Ôc d’autres fois il eft tout uni ; dans quelques infectes il eft chargé d’éminences moulTes , dans d’autres il eft hériflé de pointes aïgues. Ces formes différentes entreront fouvent dans les caraéteres des genres : de plus c’eft à la partie inférieure du corcelet , à celle qui fe préfente lorfqu’on renverfe l’infeête fur le dos , que font attachées les pattes. Ces pattes font tou¬ jours au nombre de fix dans les infectes à étuis , excepté dans un feul genre , où les antennes figurés finguliére- ment , femblent tenir lieu des deux pattes qui leur man¬ quent ; elles n’ont rien de particulier , ni de différent de ce que nous en avons dit en parlant des infeétes en généiÿl : la plupart des infeêtes à étuis s’en fervent pour marcher 3 quelques-uns cependant comme les altifes , les faftterel- les ôc quelques efpéces de charanfons ; fautent affez vive-
D E s I N s ECTES. _ jy
ment , à Talde de la derniere paire de pattes ^ qui dans ces inleQes eft plus longue 6c plus forte : la euifîe fur-tout de ces dernieres pattes efl fouvent fort grofle. D’autres in- fedes de cette fedion qui vivent dans Peau ôc qui nagent très-bien , ont leurs pattes ôc fur-tout le pied figuré un peu différemment de ce qu’on obferve dans les autres. Ce pied eft applati ôc bordé vers l’intérieur d’une rangée épaiffe de poils courts , qui lui donnent la figure d’une efpéce de na¬ geoire un peu allongée.
Le ventre de ces infedes eff compofé de plufieurs lames dures , fouvent au nombre de dix , qui forment des an¬ neaux s ou des demi-anneaux écailleux en deffous , plus mois en deffus ; mais cette partie fupérieure plus molle , efl défendue par les ailes ôc les étuis y qui ordinairement la recouvrent ; c’eft le long du ventre qu’on peut obferver les ftigmates. Ces fligmates font au nombre de feize fur cette partie , huit de chaque côté : on en ^eut appercevoir diftindement deux fur chaque anneau , a l’exception des deux derniers qui n’en ont point. Quant aux étuis de ces infedes , nous en avons déjà parlée en traitant de la divifîon de cette fedion. Nous ajouterons feulement ici qu’entre les étuis , vers leur attache au corcelet , au haut de la future que forme leur réunion , on apperçoit dans beaucoup d’in- fedes à étuis une pièce triangulaire , plus grande dans les uns ôc plus petite dans d’autres. Cette efpéce de pièce que les Auteurs ont appellée fécujfo/i {Jciitellum ) , regarde par fa bafe le corcelet y ôc par fon fommet la future des étuis. Ce nom de future a été donné à cette ligne produite par la réunion des deux étuis y parce qu’elle femble for¬ mer une efpéce de couture.
Tous ces infedes font du nombre de ceux qui paffent fucceflivement par différens états , ou différentes méta^ morphofes, D abord tous naiffent d’un œuf , aucun n’efl vivipare : de cet œuf fort la larve de l’infede à étuis. En général cette larve reffemble à un efpéce de vers. Sa tête eft écailleufe ; dure Ôc un peu brune : on y remarque deux
^^ 6 Histoire a b r é g f e
grands yeux > des mâchoires affez fortes qui lui font très- nécefîaires , puifque c’eft fous cette forme que l’infede mange le plus , & fouvent deux courtes antennes compo- fées de plufieurs pièces , mais bien différentes de celles que Finfede doit avoir par la fuite. Le refte du corps de la larve eft mol , affez fouvent blanchâtre , quelquefois rou-; geâtre ou bleuâtre & compofé de plufieurs anneaux , fou¬ vent au nombre de treize. Les premiers de ces anneaux renferment la partie qui fera par la fuite le corcelet de Tinfedle parfait : auflî eft-ce à ces anneaux que font atta¬ chées les fix pattes dont font fournies ces efpéces de larves.'
Leurs fligmates font fort apparens ; ils font au nombre de dix- huit , neuf de chaque côté. On en obferve ordinai¬ rement deux fur le premier anneau qui fuit immédia¬ tement la tête : le fécond 6c le troifiéme anneau n’en ont point , mais tous les autres en ont deux ^ à l’exception des deux derniers anneaux. Ces premiers fligmates du premier anneeu , répondent à ceux qui feront dans la fuite au cor¬ celet de rinfeéle parfait , ôc les autres plus éloignés qui font fur, les huit autres anneaux , formeront un jour les ftigmates du ventre de l’infefte à étuis.
Ces larves font fouvent lourdes & parefleufes , mais en récompenfe elles mangent ôc dévorent confidérablement. Il y en a cependant de plus aêlives : ce font celles qui vivent dans l’eau : ces dernieres courent avec agilité , ce qui leur étoit néceffaire pour attraper leur proie , ôc fe fai- fir des autres infeêtes dont elles font leur nourriture ; aii lieu que les premières qui mangent les racines ôc les plan¬ tes, naiflent ordinairement au milieu de l’aliment qui leur ell convenable.
Toutes ces larves changent plufieurs fois de peau ÔC relient fous cette forme plus ou moins de tems. On a obfervé que quelques-unes , comme celles des hannetons ôc de quelques autres fcarabés , relient dans cet état pen¬ dant trois ans entiers , ôc que ce n’ell que la quatrième .année qu’elles achèvent leurs métamorphofes. ’
Lorfquc
DES Insectes.
Lorfque ce tems efl: venu , elles quittent leur derniere peau & paroilTent fous la forme d’une nymphe.. Gette nymphe eft du nombre de celles dans lefquelles on apper- çoit diftindlement toutes les parties de l’infeède qui en doit fortir ; fa tête ^ fes antennes , fes yeux , fes pattes , fon ventre , tout e(l très-reconnoiffable. Seulement les ailes Ôc leurs étuis font courts , chiffonnés , ôc au lieu d’être éten¬ dus fur le dos comme ils le feront par la fuite , iis font repliés vers le devant ou le deffous de l’infede. Cette nymphe dans les commencemens e(l tendre , molle ôc blanche ; peu à peu elle acquiert de la confflance ôc une couleur plus brune , ôc enfin lorfqu’elle efl parvenue à fa perfedion , elle fe tire d’une enveloppe tranfparente , dans laquelle toutes fes parties étoient renfermées , com¬ me la main ôc les doigts le font dans un gant , ôc elle paroît fous la figure d’un infede parfait.
Comme ces infedes ne font point de coques ^ ils ont foin de mettre leurs nymphes à l’abri , foit en terre , foit dans des troncs d’arbres , foit fous des écorces : leurs lar¬ ves qui font tendres Ôc délicates , font aufii très-fou vent cachées dans de pareils endroits ; c’efl pour cette raifon qu’on ne rencontre jias fréquemment les larves ôc les nymphes des infedes a étuis qui font cependant très-com¬ muns.
Quoique nous donnions cette métamorphofe comme celle des infedes à étuis en général , il en faut excepter quelques-uns dont les étuis font mois ôc qui femblent tenir le milieu entre les infedes de cette fedion ôc ceux de la fuivante. Ce font les grillons y les fauterelles Ôc quel¬ ques infedes qui en approchent : ceux-ci relTemblent aux punaifes pour la forme de leurs larves > qui ne différent des infedes parfaits qu’en ce qu’elles n’ont point d’ailes. Leurs nymphes tiennent le milieu entre ces deux états ; elles ont des boutons dans lefquels les ailes futures font en- velopi^ées , des efpéces de moignons d’ailes qui fe déve¬ loppent par la fuite lorfque l’animai devient infede parfait.
Tome L H
Histoire abrégée Cette gradation par laquelle la fedion des coléoptè¬ res fe rapproche de la fuivante , eft une preuve de ce que nous avons avancé dans le Difeours préliminaire , & fait voir de plus en plus que tous les corps de la nature ne forment qu’un feul genre , qui s’éloigne peu à peu par des nuances infenfibles, qui confondent ôc joignent enfemblc les régnés , les clafles ôc les genres différens , ôc les rappro¬ chent les uns des autres.
Nous allons maintenant expofer dans une feule Table i l’ordre méthodique fous lequel font rangés tous les genres des infefles à étuis qui forment cette première fedion ; après quoi nous entrerons dans le détail de chaque genre en particulier.
page .
PREMIERE SECTION DE LA CLASS
A'RTICLES^ ordres.
LES COLEOPTERES , ou Infeâes à étuis, ont# ^ ^
Or.db.1 Premier,
Où y articles à toutes les pattes , tels que
Article Premier, Où leurs étuis durs j qui couvrent tout le ventre Sc leurs tarfes, ont .
Ordre Second^
Où 4 articles à toutes les pattes , tels que
Article-Second, Où leurs étuis durs, qui ne couvrent qu’une par» tie du ventre , & leurs tarfes , ont... .
Article Troisième, Où leurs étuis mois , & comme membraneux, &
leurs tarLes, ont. ,
OrdreTroisieme,
Ou 3 articles à toutes les pattis , tels que
Ordre Quatrume,
Où y articles aux deux premières paires de pattes , & 4 feulement à a derniere , tels que., . . . . . . . . . .
Ordre Premier,
Où y articles à toutes les pâtes , tels que Ordre Seco ï® ,
Où 4 articles à toutes les patfs , tels que Ordre Troisiîme,
Où 3 articles à toutes les pât es , tels que Ordre Quatrième,
Où y articles aux 2 premiercspairesde pat¬ tes, & 4 feulement à la derniere, tels que. .
Ordre Premier,
Où y articles aux 2 premières paires de pat¬ tes , & 4 feulement à la derniere, tels que, .
Ordre Second,
Où 2 articles à toutes les pattes , tels que Ordre Troisième,
Où 3 articles à toutes les pattes , tels que Ordre Quatrième,
Où 4 articles à toutes le? pattes, tels que Ordre Cinquième,
Où y articles à toutes les pattes, tels que
E DES INSECTES. INSECTES A E'TUIS OU COLEOPTERES.
GENRES. CARACTERES.
Le Cerf-volant. . . Antennes en peigne à l’extrémité d’un feul côte.
La Panache. . Antennes en peigne tout du long d’un feul côté.
Le Scarabé . Antennes en maffe à feuillets; écuffon entre les étuis.
Le Boulier . . . Antennes en maffe à feuillets ; point d'écuffon entre les étuis.”
L’Efcarbot . . . .Antennes en maffe folide, coudées dans leur milieu : tête renfoncée dans le corcelet.
Le Dermefte . .Antennes en maffe perfoliée ( ou compofée de lames enfilées dans leur milieu ) & dont le dernier article forme un bouton î étuis fans rebords,'
La V rillette., , .... . .Antennes prefqu’en mafîè , dont les trois derniers articles font plus longs que les autres.
L’Anthrcne . ....Antennes droites en mafîe folide, un peuapplatie.
La Ciftele . Antennes plus greffes , & un peu perfoiiées par le bout : corcelet conique & fans rebords.
Le Bouclier . Antennes plus greffes Sc un peu perfoiiées parle bout : corcelet & étuis bordés.
Le Richard . .Antennes courtes en feie : corcelet uni & fîmplc en-deffous : greffe tête renfoncée à moitié dans le corcelet.
Le Taupin . . .Antennes en feie , ou en filets, qui fe logent dans une rainure formée en-deïïbus de la tête ; corcelet terminé cn-deflbus par une pointe reçue dans
une cavité du ventre.
Le Buprefte.77.7.T'. . Antennes filiformes : appendice confidérable à la bafe des cuiffes poftérieures,
La Bruche . Antennes filiformes : corcelet arrondi en boffe ; corps fphéroide, convexe en-deffus.
Le V er-luifant. ..... Antennes filiformes : tête cachée par un large rebord du corcelet : côtés du ventre pliffés en papilles,
L a Cicindele, ....... Antennes filiformes ; corcelet applati & bordé : tête découverte : étuis flexibles.
L’Omalifê.. . ..... . .Antennes filiformes : corcelet applati à quatre angles , dont les deux pofférieurs finiffent en pointes aiguesj
L’Hydrophile . Antennes en maffe perfoliée, plus courtes que les antennules : pattes en nageoires.
Le Dytique . Antennes filiformes, plus longues que la tête : pattes en nageoires.
Le Gyrin. . . Antennes roides & plus courtes que la tête : pattes en nageoires : quatre yeux,
La Melolonte . Antennes en feie, pofées devant les yeux,
Le Prione . Antennes en feie, dont l’œil entoure la bafe.
Le Capricorne . Antennes gui vont en diminuant de la bafe à la pointe, & dont l’œil entoure la bafe : corcelet armé de pointes.
La Lepture . Antennes qui vont en diminuant -de la bafe à la pointe , & dont l’œil entoure la bafe : corcelet nud & fans pointes.'
Le Stencorc . Antennes qui vont en diminuant de la bafe à la pointe, pofées devant les yeux : étuis plus étroits par le bout.
Le Lupere. . . . . Antennes filiformes à longs articles : corcelet plat & bordé.
Le Gribouri . Antennes filiformes à articles longs ; corcelet hémifphérique & en boffe.
T Ml . • «Antennes cylindriques à articles globuleux : corcelet cylindrique.
T . . . Antennes d égalé groffeur tout du long : cuiffes poftérieures greffes prefque fphériques,
La Galeruque . Antennes d’cgale groflèur par-tout , à articles prefque globuleux : corcelet raboteux & bordé.
La Chryfomele. .... .Antennes plus greffes vers le bout, à articles globuleux ; corcelet uni & bordé.
e Milabre . . . . Antennes, plus greffes vers le bout , à articles hémifphériques , pofées fur une trompe courte & large : quatre antennules à l’extrémité de la trompe.
Le Becmare . Antennes en maffe toutes droites, pofées fur une longue trompe.
Le Charanfon . Antennes en maffe coudées dans leur milieu , & pofées fur une longue trompe.
Le Boftriche . Antennes en maffe compofée de trois articles , pofées fur la tête fans trompe : corcelet cubique dans lequel eft cachée la tête : tarfes nuds & épineux.
Le Clairon . Antennes en maffe compofée de trois articles, pofées fur la tête fans trompe : corcelet prefque cylindrique fans rebords : tarfes garnis de pelotes,
L Antribe . Antennes en maffe compofée de trois articles, pofées fur la tête fans trompe : corcelet large & bordé ; tarfes garnis de pelotes,
T Antennes en maffe folide d'une feule pièce : tête fans trompe.
Lf L^affide . Antennes plus greffes vers le bout & à gros articles ; corcelet & étuis bordés : tête cachée fous le corcelet.
L Anafpe.. . ...... , .Antennes qui vont en groflîffant vers le bout : écuffon imperceptible : corcelet plat , uni & fans rebords,
) . Antennes à gros articles, plus greffes vers le bout, & plus courtes que les antennules : corps hémifphérique.
L a ritome. ...... . .Antennes plus grofîès vers le bout , & beaucoup plus longues que les antennules : corps allongé.
La Diapere . . Antennes en forme d’if , à articles femblables à des lentilles enfilées par leur centre : corcelet convexe & bordé.
La Cardinale . Antennes en peigne d’un côté : corcelet raboteux & non bordé,
La Cantharide . Antennes filiformes : corcelet raboteux & non bordé.
Le Tenebrion . Antennes filiformes : corcelet uni & bordé.
La Mordelle . . Antennes un peu en feie , à articles triangulaires ; corcelet convexe , plus étroit en-devant.
LaCuculle . Antennes filiformes : corcelet armé d’une appendice qui revient en-devant en forme de coqueluebon.
La Cerocome ...... .Antennes dont le dernier article plus gros forme la maffe ( pliées & peéitinées dans leur milieu dans les mâles. )
L e Staphylin Antennes filiformes : ailes cachées fous les étuis s extrémité du ventre nue & fans défenfe,
La Nécydale. . . . , .Antennes filiformes ; ailes nues,
•( Le Perce - Oreille... Antennes filiformes: ailes cachées fous les étuis: extrémité du ventre armée de pinces»’
^ Le Profearabé.^r. ... Antennes groffes au milieu , qui vont en diminuant vers la bafe 8c le bout : point d’ailes#'
{ La Blatte. Antennes filiformes : deux longues véfîci;;les pofées aux «^ôtés de l’anus, & ridées tranfverfalement.
•{ Le Trips.. Antennes filiformes : bouche formée par une fimple fente longitudinale ; tarfes garnis de Ycflcules,'
/Le Grillon . Antennes filiformes : deux filets à la queue : trois petits yeux liffes.
t Le Criquet., , , . , , . , .Antennes filiformes plus courtes de moitié que le corps ; trois petits yeux liffçfj
{ La Sauterelle . Antennes filiformes plus longues que le corps ; trois petits yeux liffes»
La Mante., #j. «ji . « .Antennes filiformes.
SECTIO PRIMA CLASSIS INSECTORUM. COLEOPTERE INSECTE.
ARTICULA
ORDINES,
GENERA.
O R D O P R I M U ». Tarfoium articulis quinq,uc. ........
Articulus Primus. Coleoptri» integris duris»,^
Ordo Secundui. Tarforum ariiculis quatuor.. • .
CaiEOPTER A laTeâa faat vel . . . •
Ordo Tertius. Tarforum* articulis uibus. ...........
tintt » a ^
»• . • • / .
■ Plaiycerus. i.» Cerf-volMU PtUinus.
La Panacha Scarabæu^. . . . , 'k Lt Seat obi. . . , / ' Copris.
I L. Boufin. ... y
[ Attelabus . 'y
L’Lfiarliot. ... y [ Dermeiies .
f. . . .y
CARACTERES.
►Antenn» in extremo uno verlù pedinatæ.
, Antennæ lècundum totam longitudinem uno verfu pedlinatxi .Antennæ clavatæ , clava lamellata ; fcutellum inter clytrorum origines*’
.Antennaf clavatae, clava lamellata : fcutellum inter elytrorum origines nullumî .Antennæ claratæ , clava integra y in medio fraâiæ : caput intra thoracem.
Le Dermejie, . , . / . Antcnnæ clavatæ, perfoliatæ , ultimo articulo folido , gibbofo ; elytra non marginata^
}•• • • . .Antennæ articulis tribus ultimis longiflimis , femi- clavatæ.
‘ y . Antennæ clavatæ integræ, clava folida comprelîà.
^Lfciple.’.'. \ ! y . Antennæ extrorfiim cralïîores,. nonnihil perfoliatæ : thorax conieus,non marginatus.
^Ÿe%o‘nciier.\ 1 I }■• * * * «Antennæ extrorfum cralfiores, nonnihil perfoliatæ : thorax & elytra marginata.
^'L^^Rickàti. \ V ••• «Antennæ fèrratæ brèves ; thorax fubtus nudus : caput dimidium intra thoracem , crafTum. ^ ^ ^ ^ J .
* ! ! }• . Antennæ fèrratæ ( vel filiformes ) intra capitis eavitatem fubtus receptæ : thorax fubtus aculeo >. intra cavîtatçnt abdomims recepto
}-.««««Antennæ filiformes: trochanter magnus, feu appendix ad bafîm femorum pofteriorum,
^^La^Brùche'. f .’ ! )** * * « • Antcnnæ filiformes : thorax fubrotundus gibbus : caput fphæroïdæum dorfo convexo.
luifiot- i } . .Antennæ filiformes: caput clypeo thoracis marginato teâum: abdominis latera plicato-papillofa.
^L^olfni'eu. y . Antennæ filiformes ; thorax planus marginatus : caput deteâum : elytra flexilia.
Antennæ filiformes : thorax planus tetragonus , angulis pofterioribus in (pinam produftis»
}•• *■* • clavatæ perfoliatæ , antennulis breviores ; pedes natatoriû
^ITniiique'. .* ! }■ . Antennæ filiformes, capite longiores: pedes natatorii..
* • • Antennæ rigidæ, capite breviores : pedes natatorii : oculi quatuor.
^Ll°MLlh^’te’. ! }■• ••■ «Antennæ ferratæ , ante oculos pofitæ..
Prionus .....
Le Ptione^ . . .
Ccrambis. . . ,
Le Capricorne^ ,
Leptura . . .
I La Lfpiare^. • ,
1 Stenocoius. . .
Le Steniori. .
I Luperus. ...
] Le Lupere, .
Cryptocephalus,
Le Gribourim .
I Ciioceris.. . .
AuiM. , .Antennæ ubique æquales : femora poftica cralTa fubglobola.-
Galeruca.
Ghryfomeiaï . . . \ , , » , , Antennæ à bafi ad apicem crefeentes, articulis globofis : thorax æqualis, marginatus
LaChryfameie.. . / , ^ ^ ^ -...i... l _ ;r„I _ U-....: _
Mylabi is.
y . Antennæ ferratæ, in oculo pofitæ.
y . . . . . Antennæ à bafi ad apicem decrefeentes in oculo pofitæ : thorax aculeatus*
.Antennæ à bafi ad apicem decreteentes in oculo pofitæ; thorax inermis.
y . Antennæ à bafi ad apicem decrefeentes ante oculos pofitæ : elytra apice angufiiora*
' . Antennæ filiformes articulis longis : thorax planus marginatus.
. Antennæ filiformes articulis longis : thorax g.ibbus , hæmifphæricus.
. Antennæ cyUndraceæ articulis globofis thorax cylindraceus.
/. . . . .Antennæ ubique æquales : femora poftica craffa fubglobola.-
. . . .Antennæ ubique æquales , articulis fubglobofis : thorax inæqualis, feaber , marginatus.
w^iab.is . Antennæ fenfim crefeentes, articulis hæmifphæricis , roftro brevi piano infidentes : antennulæ quatuor in extremo roftri',
Rhin^acer. , . .. , , .Antennæ clavatæ integræ, roftro longo infidentes.
Becmare. ... ^ ^ ^ Antennæ clavatæ fradæ , roftro longo corneo infidentes,
■ * y.. .. .Antennæ clavatæ , clava ex articulis tribus compofita ,capiti infidentes : roftrum aullum : thorax- cubicus caput intra Cé rccondèns: tarfî nudî fpînofi.
.* ; ^ . Antennæ clavatæ , clava ex articulis tribus compofita ,capiti infidentes: roftrum nullum : thorax fubcylindraceus non marginatus : tarfi fpongiofi.
I .' \ . Antennæ clavatæ , clava ex articulis tribus compofita, :apiti infidentes : roftrum nullum : thorax latus marginatus-; tarfi fgonglofi*-
Antennæ clavatæ , clava folida : roftrum nullum.
Curculio.
Le Chat anfun Boiirichus. . .
Le Bojiriche Clerus. . . . < Le Clairon, Anthribus. • L’,/^niribe, . Scolytus. . Le acülite<
;>•
V.
î
O R D O Q_U A R T U s.
Tarforum primi & fecundi pedum paris articulis quln- que i pedum vero pofteriorum articulis quatuor. • •
Articulus Segundus. Coleoptris dimidiatis
duris. . • .« • • • » . • » .
O RD O PrIMUSî
Tarforum articulis quinque . *
O R D O Secundo s.
Tarforum articulis quatuor. . ...... . » •
Or do TertiuA
Tarforum articulis tribus... . . . .
O RD O Qu ART U s»
Tarforum primi & fécunm pedum pans articulis j » y Meloe pedum vero pofteriorum articulis quatuor, « .... . .Ordo Primus.
Tarforum primi & fecundi pedum paris articulis qum- que , pedum veto pofteriorum articulis quatuor. .
cfmdT.T.' .* t y,. , . .Antennæ extrorfum crafliores, nodofæ : thorax & elytra marginata : caput thorace tedum,
Anafp^*.'.' .' i y . Antennæ filiformes fenfim crefeentes ; fcutellum vix apparens : thorax planus , lævis , non marginatus.-
- coedn^^a’.-’. 1 i ’• y . Antennæ extrorfum crafliores, nodofæ, antennulis brerriores : corpus hæmifphæricuni,
Tdtoma?T^^*. . Antennæ extrorfum fenfim crafliores , antennulis longiires : corpus oblongum.
i . Antennæ taxiformes , articulis lentiformibus per centrim perfoliatis : thorax convexus marginatus^
pyroett".’ .‘ V i \ . Antennæ uno verfu pedinatæ : thorax inæqualis, fcabei, non marginatus,
^ T . . . . .Antennæ filiformes : thorax inæqualis , feaber , non mirginatus.
\ _ Antennæ filiformes : thorax planus , marginatus.
MirdeUa,'.*?.'.'.' I { . Antennæ fubferratæ articulis triangularibus : thorax- aitice attenuatus, convexus».
\ . Antennæ filiformes; thorax cucullatus , dente acuto.
Antennæ ultimo articulo clavato, (mafeulis complicatæ , in medio peâlnatæ.*}
^ . ... . Antennæ filiformes : alæ teâæ ; abdomen inerme.
La Léroiome» Sfaphyünus, . Le Stüfh^iin.
;}•
f Necydalis . \
y La Sifidale, ., •• J
{Fotficula. ... • « \ Le Ferce-Oreille. J
, . . .. Antennæ filiformes . . . . .Antennæ filiformes
alæ nudæ.
alæ tedæ : abdomen forficibus arfliatum*.
Articulus Tertius. CoJeoptïis mollibus membranaceis.-* * • • •
. . ’v . , , , .Antennæ à medio ad bafîm & apicem decrefeentes : alæ nullsRiC.
\ Lt.Profcarahi. , . J
,Butta.. . .... \..... Antennæ filiformes; ad ani latera appendices-veficulofijtranrverfini.rulcaù».
La Blatte, • • • • J
Ordo b e c u n d u s. ’ . 'k . Antennæ filiformes : os rimulâ longitudinali • tarfi.vcficulolî^
Tarforum articulis duobus. . . . Ij Tripe . /
“ f Gryiius . . Antennæ filiformes ; cauda bifeta ; ocellî très.
\ le Grillon, • * • f * /•I»/' _ . 3? _ t _
« • » « »-• •
Ordo Tertius.
Tarforum articulis tribus
Ordo Q,u art us».
Tarforum articulis quatuor
O R D <> Q^U l N T U S».
Tarlbium articulis quinque* » » * i ^ • f » * ♦ « •
1 i Grillon,
^ Açrydiuni . y
f Le Criqett,- , / Locu'a. . .. <
Y La Sauterelle f Mantes. .
Y Aiwe». ».
. , .Antennæ filiformes , corpore dimidio breviores; ocelli-tr«3«. ^ , . . . . Antennæ filiformes, corpore iongiqres ;-OÇ£lli.tr£^
I-i filiformes^
DES Insectes;
Î9
'mt
article premier
DE LA PREMIERE S E C T I O N.
Inférés à étuis durs , qui couvrent tout le ventre.
Ordre premier.
Infectes qui ont cinq articles à toutes les pattes C
PLATYCERUS. Scaraheù jpec. linn* LE CERF-VOLANT.
’Anttrtna in. extremo uno Antennes en peigne à TeX' verfu peclinatæ, trémité ; d’un l’eul côté.
Familia i'*. Anunnis fraElis, i®. Famille à antennes cou¬
dées.
r
■ . . 2^. Antennis integris, 2°. - à antennes entiè¬
res.
E nom de platycerus a été donné à ce genre y à caufe de ces grandes cornes mobiles ôc branchues , que perte à fa tête la première efpéce de ces infedes. On Fa appellée platycerus , infede à larges cornes : c’efl par la même radon qu’en françois on a nommé ces infedes cerfs vo^ lans , à caufe de la reffemblance que ces cornes paroilTent avoir avecles bois des cerfs.
Le caradere elTentiel de ce premier genre d’infedes à étuis , eft d'avoir le bout des antennes formé en peigne , miisHeu’ement d’un côté. Ces antennes font compofées de onze articles ; dont les quatre derniers ont fur le côté
Hij
6o Histoire abrégée
un prolongement , ce qui repréfente affez bien les dents d un peigne. Ces quatre derniers articles font plus gros que les autres , enforte que l’extrémité de l’antenne qui en eft formée J eft plus grolîe que le refte de fon corps, ôc que fa figure approche de celle d’une maffe ou malfue , dont le bout eft plus gros.
Nous avons diftingué & divifé ce genre en deux famil¬ les par rapport à la forme des antennes. La première com¬ prend ceux de ces infeétes , dont les antennes forment un coude ôc font .pliées dans leur milieu. Dans ces cerfs- volans , la première pièce de l’antenne eft fort longue , elle en forme à elle feule la moitié. Au bout de ce long ar¬ ticle , l’antenne fe coude, & les autres anneaux beaucoup plus courts , forment avec le premier un angle obtus. La fécondé famille comprend les cerfs-volans , dont les antennes font droites & ne forment point un angle dans leur milieu : dans ces derniers , la première pièce des an¬ tennes n’eft guères plus longue que les autres. Nous, n’a¬ vons autour de Paris qu’un feul infeéle de cette fécondé famille , c’eft le dernier de ce genre que nous avons appellé la chevrette brune.
Tous ces infeétes viennent d’une grolTe larve hexa¬ pode , blanche , à tête brune , écailleufe , telle que celle que nous avons décrite , en parlant des infeêles à étuis en général. Cette larve fe loge dans l’intérieur des vieux arbres , les ronge , les réduit en une efpéce de tan , dans . lequel elle fe transforme , devient chryfalide , ôc enfin animal parfait. On trouve quelquefois ces larves dans les creux d’arbres pourris ôc percés de tous côtés , ôc c’eft autour de ces mêmes arbres qu’on voit roder ôc voler, particuliérement fur le foir , finfeête parfait , qui va y dé- pofer fes œufs»
Les efpéces de ce genre font les fuivantes.
DES Insectes,
6i
Première F a m i l le,
I. PLATY CERUS fufcus , cornubus duohus mobili- hus ) apice bifurcis 5 intùs rduio denticuli/que iriflruclis, pianch. 1 , fig. 1.
Mouffet. theatr.pag. 148. Cervus volans,
Aldrov. inf. pag. 451. fig. i.
Jonjl. inf, tab. 13. Scarabæus , z. f. i. z.
Ckarlet, onom. 4-^. Cervus volans platycero?.'
Merret. pin. p. zoi. Cervus volans.
Olear, muf.pag. 17, tab. \6 5. Tâurus volans,
Dd. pharmacop. pag. 398. Scarabæus cornutus.
Raj. inf.^pag. 74, n. z. Scarabæus maximus platyceros , taurus nonnullis aliî's cervus volans.
Linn. faun. fuec. n. 337. Scarabæus cornibus duobus mobilibus æqualibus apice bifurcis : introrfum ramo denticulilque inftrudtis.
Linn. jyji. nat. Edit. 10, n. 58^. Scarabæus maxillofus , maxillis exfertis apice bifurcatls.
Kofel inf. vol. z , tab. 4. & tab. ^ > fg» 7 , 9» Scarab, tetreftr. claflis. i.
Le grand cerf-volant.
Longueur 1 1 lignes. Largeur 7 lignes.
Cet infeête le plus grand de tous ceux de ce Pays-ci , & le plus fingulier pour fa forme ) eft très-reconnoiflable par deux grandes cornes mobiles*, qu’il porte à fa tête , ôc qui lui ont fait donner fpéciaiement le nom de cerf-volant. Ces cornes larges & applaties qui font le tiers de la lon¬ gueur de l’infede , ont au milieu*, vers leur partie inté¬ rieure, une petite branche , & à leur extrémité elles fe bi¬ furquent & fe divifent en deux : elles ont outre cela plulleurs petites dents dans toute leur longueur. La tête qui foutient ces cernes efl: fort irrégulière*', très-large ôc courte : le corcelet eft un peu moins large que la tête & le corps , & il eft bordé à fa circonférence : les étuis font fort unis , fans ftries ni raies. Tout l’animal eft d’une couleur brune foncée ; on le trouve communément fur le chêne : il eft allez rare autour de Paris , & quoique ce foit le plus granct des infedes à étuis que Pon trouve ici , il eft bien plus petit que ceux de la même efpéce qui fe rencon-
62 Histoire abrégée
.trent dans les Pays où il y a beaucoup de bois : cet animal efl: fort & vigoureux , ôc l’on dpit .éviter fes cornes avec iefquelles il pince fortement.
2, PLATYCERUS fujcus f elytris lævibits , capitc Ijsvi,
Raj. inf. pag. 7^ ,n. 3. Scarabdcus platyceros totus niger , cornibus brevibus unicum tantum ramum emittenubus , corpore ublongo & veiut parajlelo-) grammo,
fjïnn. faun, fuec. n. 338. Scarabxus maxillis lunulatls prominentibus denta-; tis , thorace inermi.
Rofel. inf. vol. t ,-tab, s tfg. 8. Scarab. terreflr. claff. i.
JLa grande biche.
Longueur 16 lignes. Largeur 6 lignes.
Cet animal reiïemble beaucoup au précédent ; quel- ..ques perfonnes même ont cru qu’il n’en différoit que par le fexe , prenant celui ci pour la femelle , ôc le cerf- volant pour le mâle : mais quoiqu’ils fe refleniblent beau- .coup pour la forme , la grandeur 6c la couleur ; il eft prou¬ vé que ces infeêles font de différentes efpéces , ôc ne dif^ férent pas feulement par le fexe , ayant rencontré plufîeurs fois des biches accouplées enfemble , Ôc jamais avec des çerfs-volans. D’ailleurs , outre ces grandes cornes qui leur manquent , la forme du corcelet n’eft pas la même dans les uns ôc les autres , il eft plus large dans les biches : mais fur- tout ces dernieres différent du genre précédent par la .conformation de leur tête. La larve de la grande biche fe trouve dans les troncs des vieux frênes à demi pourris , ôc ç’eft aux environs de ces arbres qu’on rencontre fouvent cet infetle.
5. PLATYCERUS niger , elytris lavibus , capitis piinclo dupliçi prominente.
Linn. pyfi. nat. eàiu îo, n. 6z. Scarabæus maxülofus depreffus niger , ma¬ xillis dente l.iterali elevato.
La petite biche. ^
j^ongueur ? lignes. Largeur 4 lignes.
DES Insectes.^ 63
La petite biche reflemble beaucoup à la grande j & je Fai prife pendant long -teins pour une variété ; elle paroît feulement plus petite d’environ moitié : mais outre la couleur qui efl noire & matte dans celle-ci , tandis qu’elle efl: brune dans la précédente , j’ai enfin obfervé une autre- marque fpécifique de cet infeéte : ce font deux points élevés , lifies , qui fe trouvent à coté l’un de l’autre fur le milieu de la tête dans les mâles feulement , ôc qui ne font point dans la grande biche. Cet animal fe trouvé comme les précédons dans les troncs d’arbres pourris : il n’ell pas rare.
4. PLATYCERUS violaceo-cœruleus , elytris losri* hus»
Linn. fyji, nat. ediu lo , n. ^3. Scarabæus maxillofus , maxiilis lunulatis,’ thorace marginato.
yddm. Dijferu n. 40. carabus coerulelcens;-
'La chevrette bleue.
Longueur $ lignes. Largeur z lignes.'
Ce joli cerf-volant efl: tout bleu 5 tirant un peu fur' le violet : fes antennes font les mêmes en petit que celles des efpéces précédentes : fes mâchoires avancent ôc dé¬ bordent la tête , ôc leur côté intérieur efl: dentelé : fon cor- celet a un rebord bien marqué : fes étuis font allongés ôc de la même forme que ceux du grand cerf-volant : ils font- chagrinés ôc le corcelet vû à la loupe ^ paroît ponêlué,
Æ B. Nous avons une variété de cette efpéce qui en' diffère par quelques endroits ; 1°. elle efl un plus large ; 2°. fa couleur efl: verte en delTus ; 3°. le deffous efl d’un brun fauve ainfi que les pattes. Tout le refle efl; fem- blable : on pourroit l’appelier la chevrette verte^
Histoire aertégée
^4*
Seconde Famille,
y. PLATY CERUS fufcus , elytrîs Jlriatis,
Ld chevrette brune.
Longueur 3 ^ ligne. Largeur i \ ligne.'
Cette petite efpéce de cerf-volant eft toute brune : fes mâchoires font fort promlnentes ôc divifées à leur bout en deux petites pointes aigues , outre une dent peu Taillante qu’elles ont dans leur milieu : fon corcelet large , peu bordé , eh: terminé quarrément vers la tête & arrondi du côté des étuis , ce qui lui donne une forme ahez hn- guiiere. Vu à la loupe , il paroît ponêlué , ainfi que la tête , au lieu que les étuis font ponctués ôc hriés , ce qui eh par¬ ticulier à cette efpéce : elle commence à s^éloigner un peu des précédentes , en ce que fes antennes ne font point coudées dans leur milieu ôc n’ont point lâ première pièce allongée comme dans les autres cerfs-volans ôc que de plus les feuillets latéraux du bout de l’antenne font moins longs ôc moins marqués. Les tarfes paroihent à la première vue n’avoir que quatre pièces , la première qui eh fort courte , étant prefqu’entiérement cachée dans l’articu¬ lation de la jambe.
P T I L I N U S.
LA PANACHE.
Antennes, fecundum tot.tm Antennes en peigne tout longitudinem uno yerfu pec~ du long d’un feul côté. tinatee.
La panache a été ainfi nommée à caufe de la forme de fes antennes , qui repréfentent une efpéce de panache : c’eh auhi ce que fignifie le nom latin ptilinus. Ces anten- ?îes font compofées de onze articles , dont les deux pre¬ miers^
D E s I N s E C T E s. '6^
mîers , les plus proches de la tête font iimples , tandis que ies neuf autres ont chacun fur le côté une longue appendi¬ ce , enforte que toute l’antenne femble garnie de longues dents d’un côté , & imite la forme d’un peigne , ou pour mieux dire d’une panaché.
Les larves de ces infectes fe logent dans le bois , dans les troncs d’arbres , où elles forment des petits trous ronds ôc profonds. C’eft dans ces mêmes trous qu^elles fubilfent leurs métamorphofes , jufqu’à ce que devenues infeêtes parfaits , elles en fortent , prennent leur efiôr Ôc aillent voler fur les fleurs où on rencontre quelquefois la panache.
Nous ne connoiflTons autour de Paris que deux efpéçes de ce genre , fçavoir :
I. PTILINUS atro'fiifcus y thorace convexo , pedibus
antennifque pallidis,
Linn.fyjl. nat. edit. lo , n. 4. Dermefles, fufcus , antennis luteispennatisi
l.a panache brune.
Longueur i Lignes, Largeur i ligne.
Cette efpéce a beaucoup de rapport avec certains der- meftes ôc encore plus avec les vrillettes : elle eft oblon- gue , noirâtre ^ à rexception des pattes ôc des antennes qui font pâles : fes antennes font fort jolies , branchues ôc comme en peigne , mais d’un feul côté : fon corcelet eft en bofle , Ôc cet animal retire fa tête fous fon corcelet , ÔC fes pieds fous fon ventre , dès qu’on le touche , reliant tel¬ lement immobile qu’on le croiroit mo’'t. Il fait fa demeure ordinaire dans ies vieux troncs de faule » qu’il perce d’une quantité de petits trous ronds : c^ell dans ces endroits qu’il faut le chercher : on y trouve , ou l’animal parfait prêt à fortir , ou la larve qui le doit produire ^ fuivant la faifon, , -
Tome L
I
I
"66 Histoire abrégée-
>2. PTILINUS niger , fuhvilLqfus , thorace piano mar-
glnato ) elytris flavis moUionbus* planch. i , fig. 2.
'La panache jaune.
Longueur 1 1 lignes. Largeur t ligne.
On feroit d’abord tenté de prendre cet infeéle pour une cicindele , fi ce n’étoit la forme de fes antennes. Je crois même que c’eft lui que M. Linnœus a voulu débgner , pag. 405 , n. 25 , de fa dixiéme édition de fon Syjlema Naturæ , parmi fes cantharides. Tout fon corps eft noir , à l’exception des étuis qui font jaunes : fon corcelet n’eft guères plus long que large ôc eft un peu marginé , ce qui > “Joint à la fléxibilité de fes étuis , lui donne un faux air de notre cicindele : mais outre les antennes qui font très- différentes, il n’a point un autre caraêlere de cette derniere, ce font les efpéces de papilles que forment les côtés du ventre des cicindeles , & qui ne fe vôyent point dans la panache jaune. Tout l’infeêle eft un peu velu , on le trouve aflez communément fur les fleurs.
SCARABÆUS.
LE SCARAUÈ.
* Antennæ clavatæ , clavâ Antennes à mafle en feuil- . lamellatà ; Jciitellum inter lets J éculTon entre les étuis.' elytrorum origines,
Familia 1^, Antennarum lu- 1®. Famille : à fcpt feuillets aux tndlis feptem. antennes.
• - 2^. Antennarum la- 2°. - - à trois feuillets aux
mellis tribus, antennes.
Nous avons appliqué & réduit à ce feul genre le nom de fcarabé , que plufieurs Auteurs ont autrefois donné in- diftinélement à tous les infeêtes à étuis. Le caraêlere^eflen- tiel de ce genre eft d’avoir les antennes en mafle ; c’eft-à-
DES Insectes. 6^
dire terminées par un bout plus gros que le refte de l’an¬ tenne. Cette mafle ou extrémité , eft compofée de plu- lieurs lames ou feuillets , que l’infeéle peut relTerrer ou ouvrir, à peu près comme les feuillets d’un éventail. Un autre caractère eft d’avoir entre leurs étuis , à leur origine , cette petite partie triangulaire que nous avons appellée i’éculTon ; Ôc c’eft par ce caraétere que ce genre diffère du fuivant , qui a des antennes femblabies , mais dans lequel l’écuffon manque. Nous aurions pu réunir ces deux genres qui différent peu , mais comme celui-ci fe trouvé déjà chargé d’un grand nombre d’efpéces , nous avons mieux aimé les féparer pour faciliter l’ordre ôc la méthode. Nous avons de plus divifé le genre des fcarabés en deux familles , fuivant le nombre des feuillets qui compofent la maffe des antennes. Dans la première famille font les fca¬ rabés qui ont fept feuillets aux antennes ; cette famille eft la moins nombreufe. La fécondé renferme tous les autres qui ont feulement trois feuillets aux antennes.
Les larves de ces infeétes reffemblent toutes à ces gros vers blancs dont nous avons déjà parlé , qui donnent le moine & le hanneton , deux des efpéces de ce genre , & que l’on